MISSION ECONOMIQUE BELGE AU SENEGAL - 21 - 25 MAI 2023

SENEGAL CHALLENGER

Le magazine radiophonique de CREDO FM

Diffusé le 15/04/2023

Sur Radio Sénégal International - 92.5 FM

CONTEXTE DE L’EMISSION

Une mission économique belge se rendra au Sénégal du 21 au 25 mai 2023. Elle sera dirigée par Son Altesse Royale la Princesse Astrid, mandatée par le Roi des Belges, et sera composée de plus de 360 personnes, 160 entreprises, 20 institutions académiques, et des hauts représentants du gouvernement et des institutions belges.

Le Sénégal s’honore de recevoir une si importante délégation et mobilise son secteur privé pour que cette opportunité de partenariat ouvre de nouvelles perspectives dans la coopération belgo-sénégalaise déjà florissante.

S.E. M. Hubert ROISIN, Ambassadeur du Royaume de Belgique au Sénégal et M. Ivan KORSAK, Conseiller Economique et Commercial de l’Ambassade de Belgique au Sénégal nous présentent cet événement qui fera date dans l’agenda de la diplomatie économique du Sénégal.

S.E. M. Hubert ROISIN - Ambassadeur du Royaume de Belgique au Sénégal

Le Sénégal est une terre d’opportunités et une économie ouverte qui exerce une forte attractivité sur le secteur privé, les citoyens et les autorités belges.

360 opérateurs économiques, 160 entreprises et 20 institutions académiques, cette importante délégation sera dirigée par son Altesse Royale la Princesse Astrid, soeur du Roi des Belges. C’est le plus haut niveau de représentation de la Belgique à l’étranger.

La Belgique va se parer de ses plus beaux atours pour rendre visite au Sénégal, et nous ne doutons pas que le pays de la Téranga fera honneur à sa réputation.

M. Ivan KORSAK - Conseiller Economique et Commercial de l’Ambassade de Belgique au Sénégal

Nous avons créé le site web www.belemb.eu pour faciliter les contacts entre les opérateurs belges et sénégalais et leur permettre de préparer leur rencontre dans les meilleures conditions.

Les sessions de B2B sont dédiées aux entreprises des deux bords qui sont outillées pour faire des affaires à l’international. Disposer d’un site web et d’une adresse Linkedin sont des prérequis incontournables.

Nous invitons les entreprises sénégalaises à s’investir dans cette opportunité avec professionnalisme, en préparant dès à présent la mise en relation avec leurs homologues belges afin de faire connaissance en amont de leur rencontre

SOUVERAINETE PHARMACEUTIQUE : TERANGA PHARMA RELEVE LE DEFI

SENEGAL CHALLENGER

Le magazine radiophonique de CREDO FM - Le Réseau Social Engagé

Diffusé le 1er avril 2023

Sur Radio Sénégal International - 92.5 FM

CONTEXTE DE L’EMISSION

La pandémie du Covid-19 a mis en lumière l’impérieuse nécessité pour les Etats de reprendre le contrôle de la production des médicaments destinés à leurs populations, afin de ne plus être dépendants des importations. Ce challenge a été relevé au Sénégal par des professionnels de la pharmacie qui, à l’initiative du Dr Mouhamadou SOW, se sont regroupés pour créer Téranga Pharma, un label répondant aux standards de qualité internationaux, et qui a l’ambition de répondre aux exigences du marché national et régional.

Financé par un capital entièrement sénégalais, Téranga Pharma entend exploiter des molécules à bas prix afin de porter les médicaments au niveau de la bourse des populations, développer la connexion avec la médecine traditionnelle et la pharmacopée, stimuler la culture de la souveraineté pharmaceutique à travers la prescription responsable, le conseil responsable et la consommation responsable, afin d’assurer une autonomie pharmaceutique à l’horizon 2030.

Dr Mouhamadou SOW - DG de Téranga Pharma


Dr Mouhamadou SOW - Promoteur et Directeur Général de Téranga Pharma :

La pandémie du Covis-19 a mis en évidence l’urgence absolue pour les Etats du tiers-monde de reprendre en mains la fabrication de leurs médicaments stratégiques, gage de souveraineté pharmaceutique,

Téranga Pharma est un défi industriel, technologique, scientifique, financier et patriotique car partant d’une production actuelle couvrant moins de 5% de la consommation locale, notre ambition est de couvrir 90% des besoins des populations à l’horizon 2030,

80% des revenus tirés de l’industrie pharmaceutique repartent à l’étranger. Notre ambition est de faire homologuer d’ici 2030 75 molécules couvrant 90% des besoins du Sénégal en médicaments,

Nous voulons démontrer que le Sénégal est capable de relever le défi de la souveraineté pharmaceutique avec un capital exclusivement national, et faire de Dakar un hub régional à l’horizon 2026,

A travers la prescription responsable, le conseil responsable et la consommation responsable, nous invitons les acteurs de la chaîne de valeur à un concept novateur, condition sine qua none pour garantir la disponibilité et la baisse de coûts des médicaments, par une économie d’échelle: c’est investir sur nous-mêmes pour mieux subvenir à nos besoins de santé,

Nous entendons développer les plantes médicinales et la pharmacopée traditionnelle pour trouver des réponses pérennes aux maladies chroniques non transmissibles telles que le diabète et l’hypertension,

Nous avons des attentes fortes vis-à-vis de l’Etat, qui nous a déjà apporté un précieux soutien:

-Renforcer les acteurs locaux par le développement de la sous-traitance,

-Instaurer la primauté de la prescription sur les médicaments produits localement,

-Donner la priorité à la production locale dans les commandes de la Pharmacie Nationale d’Approvisionnement,

-Etablir une ligne de crédit au niveau du FONGIP pour financer l’extension du secteur pharmaceutique.

La réussite de Téranga Pharma fera école et contribuera à décomplexer bien des secteurs d’activités tels que les industries, le tourisme, les services qui jusqu’ici, subissent la domination du grand capital et des majors internationaux.

LA STRATEGIE D'INDUSTRIALISATION DU SENEGAL

L’ENTREPRISE CITOYENNE

Le magazine radiophonique du Conseil National du Patronat

En partenariat avec la Fondation Konrad Adenauer 

Diffusé le 21/08/2021

Sur Radio Sénégal International - 92.5 FM

CONTEXTE DE L’EMISSION

Le Sénégal a élaboré une nouvelle stratégie d’industrialisation basée sur la consolidation des secteurs traditionnels, et la promotion de nouveaux secteurs émergents tels que le pétrole et le gaz, l’industrie pharmaceutique, et l’industrie du numérique.

Cette nouvelle orientation a été définie selon une démarche participative et doit répondre aux défis de la souveraineté économique, alimentaire et sanitaire, tout en prenant en compte les enjeux et conséquences de la pandémie du Covid-19 et le développement durable.

-        Comment les entreprises industrielles comptent-t-elles tirer avantage de cette stratégie pour renforcer leur compétitivité et leur durabilité ?

-        Comment les structures d’appui à l’entreprises envisagent-t-elles de répondre à ces nouveaux challenges ?

Réponses dans l’émission.

 

CONDUCTEUR DE L’EMISSION :

00’ 18” - Introduction

02’ 15” - M. Ibrahima SONKO - Directeur des Stratégies Industrielles - Ministère du Développement      Industriel et des PMI,

18’ 06” - M. Cheikh Bamba FALL - Président du SPIS, 

26’ 44” - M. Pierre NDIAYE - PDG de Yaourt Jaboot, membre de l'UPIC, 

33’ 40”  - Mme Fatou Dyana BA - Directrice Générale du Bureau de Mise à Niveau,                                              

49’ 31” - Conclusion                                              

50’ 23” - Générique

50’ 59” - Fin

ANNONCE DU CNP

Le Conseil National du Patronat - CNP vous donne rendez-vous samedi 21 août 2021 de 11h à 12h sur Radio Sénégal International - RSI 92.5 FM pour son émission radiophonique "l'Entreprise Citoyenne", produite en partenariat avec la Fondation Konrad Adenauer.

Thème : La stratégie d'industrialisation du Sénégal

Avec comme invités :

- M. Ibrahima SONKO - Directeur des Stratégies Industrielles - Ministère du Développement Industriel et des PMI,

- Mme Fatou Dyana BA - Directrice Générale du Bureau de Mise à Niveau, 

- M. Cheikh Bamba FALL - Président du SPIS, 

- M. Pierre NDIAYE - PDG de Mamelles Jaboot, membre de l'UPIC.

Pour tout savoir sur la stratégie d'industrialisation du Sénégal, rendez-vous samedi 21 août 2021 de 11h à 12h sur Radio Sénégal International - RSI 92.5 FM,

Avec le CNP.

LE CONTENU LOCAL DANS LE SECTEUR DES HYDROCARBURES

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L’ENTREPRISE CITOYENNE

Le magazine radiophonique du Conseil National du Patronat

En partenariat avec la Fondation Konrad Adenauer 

Diffusé le 12/06/2021

Sur Radio Sénégal International - 92.5 FM

CONTEXTE DE L’EMISSION 

Le Sénégal s’est engagé dans une exploitation pétrolière et gazière vertueuse, respectueuse de l’intérêt public et inspirée des meilleures pratiques en matière de gouvernance, de transparence, de respect de l’environnement.

Cette démarche inclusive s’appuie sur la Loi sur le Contenu Local, et sur le Comité National de Suivi du Contenu Local logé au Ministère du Pétrole et des Energies.

L’Entreprise Citoyenne propose d’en examiner les enjeux, les modalités pratiques et les perspectives d’avenir.

Avec comme invités :

Administration Publique : Ministère du Pétrole et des Energies :

- Mr Thierno Seydou Ly, Directeur des Hydrocarbures,

- Mr Mor Ndiaye MBAYE, Secrétaire Technique du Comité National de Suivi du Contenu Local - CNSCL,

CNP :

-Mr Tidiane SARR – Membre du Bureau Exécutif d’OPTIC.

CONDUCTEUR DE L’EMISSION : 

00’ 18” - Introduction

02’ 15” - M. Thierno Seydou LY – Directeur des Hydrocarbures,

20’ 01” -M. Mor Ndiaye MBAYE – Secrétaire Technique du Comité National de Suivi du Contenu Local,

36’ 09” - M. Tidjane SARR – Membre du Comité Exécutif de OPTIC, 

47’ 31” - Conclusion                                              

48’ 09” - Générique

48’ 46” - Fin

L’ENTREPRISE CITOYENNE

Le magazine radiophonique du Conseil National du Patronat

Un produit REZO Communication - Tel : (221) 76 682 09 67 - email : rezo.sn@gmail.com

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Macky Sall invite le privé sénégalais à saisir les opportunités

Le Président de la République, M. Macky Sall a invité les opérateurs économiques sénégalais à saisir les opportunités offertes dans le cadre du ‘’contenu local’’ afin de bénéficier des retombées de l’exploitation des hydrocarbures. Il a fait cette adresse à l’occasion d’un atelier qu’il a présidé le mardi 02 juillet 2019, au Centre International de Conférence Abdou Diouf (CICAD).

La mise en œuvre de la loi sur le contenu local dans le secteur du pétrole et du gaz a réuni, le mardi 02 juillet 2019 au Centre International de Conférence Abdou Diouf (CICAD) de Diamniadio, un parterre d’experts, investisseurs, secteur privé et acteurs de la société civile pour échanger sur la portée du mécanisme qui a pour but de garantir, mais aussi de sécuriser l’exploitation des ressources pétrolières et gazières. Sous la présidence du président de la République, l’atelier a permis au chef de l’Etat, M. Macky Sall, de rappeler d’emblée les dispositions constitutionnelle, légale et règlementaire mises en place pour encadrer la gestion et l’exploitation des ressources pétrolières et gazières découvertes.

Outre l’adhésion du Sénégal à l’ITIE dans le cadre de la transparence de la bonne gouvernance, le président de la République a évoqué tour à tour, l’adoption du nouveau code pétrolier, la création du COS-PETROGAZ, la loi sur le contenu local ou « local content », objet de l’atelier.

Sur la problématique du contenu local, le Chef de l’Etat dira qu’il réserve une part capitale au secteur privé. Il a dit vouloir, à travers ses actes et des initiatives, prendre des mesures de sauvegarde des intérêts du Sénégal dans les contrats pétroliers et gaziers. 

’L’exploration et l’exploitation des ressources de pétrole et de gaz nécessitent des investissements immenses, qui sont hors de portée du budget national (…). Mais la bonne nouvelle, c’est que la chaîne de valeur du pétrole et du gaz offre une large gamme d’activités génératrices de revenus et à la portée du secteur privé national’’, a expliqué le chef de l’État.

C’est dans ce cadre qu’il a invité les opérateurs économiques sénégalais à saisir les opportunités offertes dans le cadre du ‘’contenu local’’ pour bénéficier des retombées de l’exploitation des hydrocarbures.

Le président Macky Sall a également lancé un appel à la jeunesse pour mieux se former et se préparer à intégrer le marché de l’emploi dans le secteur du pétrole et du gaz. ‘’J’appelle la jeunesse sénégalaise à s’investir dans la formation, pour acquérir le savoir et le savoir-faire. (…) Avec la création de l’Institut national du pétrole et du gaz, je souhaite que nos jeunes se préparent dès maintenant à la prise en charge intégrale de la filière pétrole et gaz’’, a lancé Macky Sall aux jeunes.

Pour conforter son engagement à soutenir les acteurs locaux dans le cadre du contenu local, le chef de l’État a promis de signer ‘’sans délai’’ les décrets d’application du ‘’contenu local’’, qui doivent permettre d’adapter le secteur des hydrocarbures aux ‘’meilleures pratiques internationales’’.

Garant de la réussite

‘’Au terme de la concertation d’aujourd’hui, avec les conclusions, je prendrai sans délai les décrets d’application relatifs au contenu local. Sans délai, parce que je veux qu’on avance en mode Fast Track‘’, a-t-il soutenu, faisant allusion à la rapidité d’exécution qu’il dit désormais attendre de l’administration publique.

Les participants à l’atelier, qui se sont exprimés lors de cet atelier ont, à l’unanimité, salué la pertinence de l’initiative qui pose le débat pour des solutions de conservation et de sécurisation des ressources pétrolières et gazières, non sans demander au chef de l’Etat d’être le garant de la réussite de ce projet, avec toutes les contraintes qui peuvent compromettre sa mise en œuvre.

Clôturant les travaux, le Chef de l’Etat a tenu à remercier tous les participants qui ont répondu à l’appel, en particulier le privé national et les forces vives de la nation. Il a tenu également à rassurer les acteurs, toujours en commençant par les privés nationaux, dont il veut faire des « champions », les entreprises étrangères qui investissent dans la recherche et, la communauté nationale. Enfin, il a tenu à revigorer l’ensemble des acteurs car, dira-t-il, « en nous organisant mieux, nous pouvons réussir le contenu local parce que nous avons beaucoup de potentialités pour participer activement dans les activités connexes du pétrole et du gaz ».

Pour rappel, cet atelier de mise en œuvre de la loi sur le contenu local dans le secteur du pétrole et du gaz a été organisé par le Ministère du Pétrole et des Energies, à la tête duquel, le Ministre Mouhamadou Makhtar Cissé que le Président a tenu à féliciter, pour l’excellent travail qu’il abat dans le secteur, depuis sa prise de fonction.

 

Pétrole-gaz : comment le Sénégal atteindra 50% de contenu local en 2030 ?

Pour conjurer la malédiction des ressources naturelles, le Sénégal qui devrait entamer sa production gazière en 2022 balise le terrain par une réglementation en faveur de l'inclusion. Au cœur du dispositif, une loi sur le contenu local pour permettre aux entreprises locales de mieux saisir les opportunités dans la chaîne de valeur pétro-gazière. Le texte en attente d'un decret d'application repose sur cinq points.

Maimouna Dia

29 Nov 2019, 10:58

 

Dans la nouvelle constitution révisée et adoptée en mai 2019, l'article 25 stipule que les ressources naturelles appartiennent au peuple sénégalais. (Crédits : DR)

« Au terme de la concertation d'aujourd'hui, avec les conclusions, je prendrai sans délai les décrets d'application relatifs au contenu local [dans le pétrole et gaz, ndlr]. Sans délai, parce que je veux qu'on avance en mode Fast Track », promettait le chef de l'Etat Sénégalais Macky Sall le 2 juillet dernier aux experts, investisseurs, acteurs de la société civile, réunis dans un atelier à Diamniadio. Quatre mois plus tard, les entreprises privées, les syndicats d'hydrocarbures et la société civile sénégalaise s'impatientent et réclament le décret d'application. Le contenu local est un mécanisme de sauvegarde des intérêts du Sénégal dans les contrats pétroliers et gaziers, un secteur où les investissements se chiffrent à coups de milliards de dollars, hors de la portée des entreprises locales. Toutefois, la chaîne de valeur de ce domaine offre des opportunités et activités génératrices de revenus, à la portée du secteur privé sénégalais que la loi sur le contenu local entend favoriser.

Rehausser la part des nationaux dans les hydrocarbures

Une loi qui s'applique sur l'ensemble du territoire, traite de l'amont et de l'aval pétrolier, concerne à la fois les bénéficiaires des contrats directs, les prestataires et les fournisseurs. Une manière pour le Sénégal d'atteindre son objectif de parvenir à 50% de contenu local dans l'industrie pétrolière et gazière en 2030. Fer de lance de cette ambition, la loi sur le contenu local met l'accent sur la formation des ressources humaines, le renforcement des petites et moyennes entreprises (PME) et des petites et moyennes industries (PMI), ainsi que  la réalisation de projets sociaux dans les domaines de la santé, de l'éducation, de l'eau potable et de l'électrification rurale, entre autres. Le contenu local a aussi été conçu pour booster la création d'une industrie de valorisation des hydrocarbures, notamment la pétrochimie, les engrais, la raffinerie, apportant de la valeur ajoutée.

Le contenu local dans le code pétrolier sénégalais

Cette loi sur le contenu local intervient en renfort d'un arsenal juridique mis en place par le Sénégal depuis les premières découvertes pétrolières et gazières en 2014. Au tout début de l'année, le pays a adopté la loi n°2019‐03 du 1er février 2019 portant Code pétrolier, en remplacement de la loi n°98‐05 de 1998. Le texte fixe de nouvelles règles relatives à la prospection, à l'exploration, au développement, à l'exploitation, au transport, au stockage des hydrocarbures ainsi qu'à la liquéfaction du gaz naturel sur l'ensemble du territoire national. Il définit certaines dispositions du régime fiscal de ces activités.

La question du contenu local a été abordée dans l'article 58 du code pétrolier en 5 points. Il stipule que les titulaires de contrat pétrolier ainsi que les entreprises travaillant pour leur compte doivent donner la possibilité aux investisseurs privés nationaux, disposant de capacités techniques et financières, de participer aux risques et aux opérations pétrolières. Le texte prévoit d'accorder la préférence aux entreprises sénégalaises pour tous les contrats de construction, d'approvisionnement ou de prestation de services, à conditions équivalentes en terme de qualité, quantité, prix, délais de livraison et de paiement.

Lire aussi :Hydrocarbures : le Sénégal annonce son prochain cycle d'octroi des licences pour octobre

 L'article 58 stipule qu'employer, à qualification égale, il faudra accorder la priorité au personnel sénégalais pour la réalisation des opérations pétrolières sur le territoire national. Dans le nouveau code pétrolier sénégalais, le troisième dispositif du contenu local garantit le transfert technologique en direction des entreprises sénégalaises à travers un accompagnement des multinationales en place. Elles sont tenues de contribuer à la formation professionnelle des cadres et techniciens sénégalais à travers un programme annuel de formation défini dans le contrat pétrolier applicable. Enfin, le contenu local devrait permettre le versement dans une institution financière de premier rang le montant d'une caution pour la réhabilitation et la restauration des sites. Un ensemble de mesures à confirmer et à clarifier par la loi sur le contenu local tant attendu pour le pays de 16 millions d'habitants selon les chiffres de la Banque Mondiale.

Lire aussi :Sénégal-Mauritanie : sur fond du scandale Petro-Tim, Kosmos cède 10% de ses parts dans le projet GTA-1

 Le Sénégal qui a aussi adopté le 16 octobre un projet de loi portant code gazier a rejoint en 2013 l'Initiative pour la Transparence dans les Industries extractives (ITIE). Toujours dans les réformes juridiques, la nouvelle constitution sénégalaise révisée et adoptée en mai 2019 stipule en son article 25 que les ressources naturelles appartiennent au Peuple sénégalais. L'objectif est d'en assurer une gestion optimale pour le pays, déjà secoué par des scandales de corruption dans le secteur pétro-gazier, où les premières productions sont attendues dans trois ans. Le Sénégal s'apprête à exploiter son gisement Ahméyim-Grand Tortue (GTA) de 700 milliards de mètres cubes de gaz, à partager avec la Mauritanie à partir de 2022. Des réserves de 473 millions de barils de pétrole brut ont été découvertes dans le champ SNE, rebaptisé « Sangomar », dont la production est attendue en 2023. Des volumes importants mais qui classent le pays loin dernière les géants africains des hydrocarbures : Le Nigéria, l'Angola, l'Algérie, la Libye et dans une moindre mesure le Congo, le Gabon, et le Tchad.

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Loi sur le «contenu local» au Sénégal : un vœu pieux ?

Par Ouestafnews

16/10/2019

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Photo d'illustration /crédit ITIE Sénégal

Ouestafnews – Pressé par la société civile pour apporter de plus de justice sociale dans l’exploitation et la gestion de son secteur extractif, le Sénégal a adopté une loi sur le «contenu local» dans la gestion du secteur pétrolier et gazier, votée en janvier 2019. Que recouvre cette loi sur le contenu local ? Quelle efficacité pour des populations qui régulièrement se disent lésées et continuent de revendiquer plus de retombées sur les richesses tirées du sous-sol ? Une telle loi suffit-t-elle pour mettre fin aux controverses qui agitent un secteur ultra sensible? Ouestaf News a tenté d’y voir plus clair.

La loi relative au «contenu local» dans le secteur des hydrocarbures fait référence à l’ensemble des initiatives prises en vue de «promouvoir l’utilisation des biens et des services nationaux ainsi que le développement de la participation de la main-d’œuvre, de la technologie et du capital national dans toute la chaine de valeur de l’industrie pétrolière et gazière», selon le texte de la loi du 24 janvier 2019.

Pour Fatou Cheikh Dieng, juriste et environnementaliste, le contenu local est synonyme de plus de «justice sociale».

C’est un «concept globalisant qui intéresse le développement durable et qui a une vocation compensatrice. En effet, son objectif premier est de promouvoir les potentialités locales et d’impulser un développement à travers la formation et l’achat local», souligne-t-elle dans un texte envoyé à Ouestaf News.

Abondant dans le même sens, M. Omar Cissé, coordonnateur du Pôle Industrie Extractives et Développement Durable à Enda Lead Afrique (ONG internationale basée à Dakar) souligne l’intérêt que revêt une loi sur «le contenu local» dans la mesure où elle cadre avec les meilleures pratiques dans le secteur.

Cette loi sur le contenu local concerne le secteur des hydrocarbures (pétrole et gaz). En ce qui concerne le secteur minier, le code minier voté en 2016 ne prévoit que quelques dispositions favorisant ce «contenu local».

«Les titulaires de titres miniers, leurs fournisseurs et leurs sous-traitants utilisent autant que possible des services et matières d’origine du Sénégal, des produits fabriqués ou vendus au Sénégal dans la mesure où ces services et produits sont disponibles à des conditions compétitives de prix, qualité, garanties et délais de livraison», précise l’article 85 du code minier.

Dans la Constitution sénégalaise, votée par référendum, le 05 avril 2016, l’article 25-1 souligne que «les ressources naturelles appartiennent au peuple. Elles sont utilisées pour l’amélioration de ses conditions de vie. L’exploitation et la gestion des ressources naturelles doivent se faire dans la transparence et de façon à générer une croissance économique, à promouvoir le bien-être de la population en général et à être écologiquement durables». La loi sur le contenu local est, pour certains, une suite logique de cette disposition de la charte fondamentale.

Contenu local et défi de la transparence

Parmi, les objectifs fixés par la loi sur le contenu local on note l’augmentation de la valeur ajoutée locale et la création d’emplois locaux dans la chaîne de valeur des industries pétrolières et gazières, la favorisation du développement d’une main-d’œuvre locale qualifiée et compétitive. Surtout, il s’agit de promouvoir des biens et services locaux et de renforcer la compétitivité nationale et internationale des entreprises sénégalaises.

Toutefois, cette générosité des textes n’est pas facile à transformer en réalité sur le terrain. Neuf mois après le vote de la loi, certains acteurs de la société civile attendent encore la matérialisation des objectifs définis.

Lire aussi : Sénégal : le pétrole toujours en débat 

«Pour l’instant, une bonne partie de ces dispositions ne sont que de vœux pieux qui doivent être mieux encadrés par le décret d’application qu’on attend avec impatience», déclare Omar Cissé dans un entretien accordé à Ouestaf News.

Demba Seydi, le coordonnateur de l’organisation internationale Publiez Ce que Vous Payez (PCVP), nuance aussi quelque peu l’espoir que suscite le contenu local.

«Ce que l’Etat pourrait mobiliser comme ressources peut ne pas dépendre directement du contenu local, parce que nous sommes dans une situation de partage de revenus, la plupart des contrats sont des contrats de partage. Le contenu local est plus adressé au secteur privé national et aux chercheurs d’emplois », a-t-il expliqué au téléphone à Ouestaf News.

Alors que la production des hydrocarbures n’est pas encore entamée, la gestion de la manne pétrolière fait déjà l’objet de plusieurs controverse depuis 2012, notamment avec l’affaire Petro-Tim.

Considérée comme une nébuleuse par des observateurs, l’affaire a poussé la société civile à exiger la publication de tous les contrats pétroliers pour plus de transparence. La publication des contrats dans le secteur extractif figure d’ailleurs parmi les normes de transparence fixées par l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE).

Lire aussi : Panama Papers Afrique : ces «amis» suspects d’Aliou Sall (Exclusif)

Dans un rapport publié en octobre 2019 et intitulé : «Blanchiment de Capitaux et Financement du Terrorisme liés au secteur de l’Industrie Extractive et Minière en Afrique de l’Ouest », le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (Giaba), souligne que «la corruption constitue une des infractions sous-jacentes les plus graves du secteur extractif ».

Cité par le quotidien privé  «Le Quotidien», Fary Ndao, ingénieur-géologue et auteur d’un livre sur le pétrole et le gaz au Sénégal, estime que pour réussir, le «contenu local» nécessite d’abord une vraie volonté politique.

Lire aussi : Sénégal : encore un contentieux lié au pétrole ! (Exclusif)

«Il faut veiller à ce que les compagnies ne mettent pas des barrières à l’entrée (…), il faut que l’Etat joue un peu des coudes pour que les entreprises locales aient accès aux marchés et éviter les conflits d’intérêts», souligne-t-il.

«Contenu local» et emplois

Le secteur extractif en 2017 a contribué à hauteur de 108,7 milliards au Budget de l’Etat sénégalais (…) dont 96 milliards FCFA fournis par les mines, souligne le rapport publié en novembre 2018 par l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE/Sénégal).

Au Sénégal, alors que l’industrie pétro-gazière est naissante (années 90), l’industrie minière est présente depuis les années 50 avec l’ouverture de deux grandes mines de phosphates à Taïba et à Lam-Lam dans la région de Thiès (Ouest).

Cette industrie s’est étoffée avec l’exploitation actuelle de minerais comme l’or, le zircon, l’ilménite, le fer et les produits de carrière tels que les calcaires et argiles industrielles ainsi que l’attapulgite.

Dans le domaine des hydrocarbures, le Sénégal exploite du gaz depuis la fin des années 90 à Diender et à Gadiaga avec un potentiel estimé à 357 millions de m3, selon le rapport 2018 de l’Initiative sur la transparence des industries extractives (ITIE).

Mais c’est récemment que le potentiel pétro-gazier s’est accru de manière notable avec les découvertes relativement importantes en offshore, notamment le gisement dénommé Grand Tortue Ahmeyim que le Sénégal va exploiter conjointement avec la Mauritanie via un accord signé avec le britannique British Petroleum (BP).

Doté d’un potentiel de 15 billions de pieds cubes de gaz, ce gisement devrait, selon les prévisions, entrer dans la phase production en 2022 et va durer 30 ans, d’après les statistiques fournis par BP. Pour ce qui est du pétrole, la première découverte a été annoncée par Cairn Energy fin 2014. Aujourd’hui les réserves sont estimées à 1 milliard de barils.

Au total 26 entreprises (dont 18 dans les mines) sont actives dans le secteur extractif sénégalais et d’après les donnés de ITIE-Sénégal compilées par Ouestaf News. Ces sociétés comptent 7.981 employés (permanents et contractuels) dont près de 95% sont des nationaux. Seulement le haut degré de technicité et la provenance des capitaux font que l’essentiel des emplois stratégiques sont tenus par les étrangers, là où les Sénégalais occupe la grande masse des emplois non qualifiés. D’ailleurs, l’impact de tous ces chiffres chez les Sénégalais reste encore peu perceptible.

Le taux de pauvreté au Sénégal atteint 34% de la  population selon des chiffres de la Banque mondiale mis à jour en avril 2019. Curieusement, cette pauvreté reste très marquée dans les régions minières comme Kédougou (est), un haut lieu de l’exploitation aurifère.

« Le paradoxe de l’abondance dont témoignent ces régions combine l’existence de ressources minières à une pauvreté ironique et appelle à une convergence d’actions émanant de la société civile, de l’Etat et des populations locales directement impactées par l’exploitation des mines », estime la juriste Fatou Cheikh Dieng.

Au niveau régional, le contenu local est encouragé par la Directive minière de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Cette directive qui date de 2009 formule cinq objectifs pour les Etats membres dont le premier est de « … promouvoir les droits de l’homme, la transparence et l’équité sociale et de garantir la protection des communautés locales et de l’environnement dans les zones minières de la sous-région».

Ce texte exhorte aussi les Etats membres à créer «un Fonds de développement socio-économique auquel les titulaires de droit et titre miniers et autres parties prenantes, ont l’obligation de contribuer pour le développement des activités de conversion de l’après mine dans les communautés locales affectées».

AS/mn/ts

CONSOMMER SENEGALAIS - AU-DELA DU SLOGAN ...

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L’ENTREPRISE CITOYENNE

Le magazine radiophonique du Conseil National du Patronat

En partenariat avec la Fondation Konrad Adenauer 

Diffusé le 27/03/2021

Sur Radio Sénégal International - 92.5 FM

CONTEXTE DE L’EMISSION

Consommer sénégalais, au-delà du slogan, c’est une volonté politique des dirigeants du pays, c’est une promesse des fournisseurs de biens et services, c’est un défi à relever pour les consommateurs citoyens qui en ces temps troublés par la pandémie du Covid-19, relèvent de l’urgence absolue.

En effet, le monde a découvert en 2020 l’impérieuse nécessité de réviser les fondamentaux de l’économie mondiale boostée par le libre-échange, pour revenir à des notions d’autonomie de fonctionnement, voire de souveraineté économique.

Recentrer le tissu industriel et les chaînes de valeur, développer les compétences locales, conscientiser les consommateurs aux vertus structurantes de la production locale en comparaison avec les importations, voilà le défi que les gouvernements doivent relever avec les industriels, sociétés de services et consommateurs nationaux.

A travers cette émission, le CNP donne la parole au Ministère du Commerce et des PME ainsi qu’à des entrepreneurs représentatifs du tissu industriel sénégalais afin de décliner les lignes directrices d’une politique devant consacrer le « Consommer Sénégalais » comme passeport pour l’Emergence.

 

CONDUCTEUR DE L’EMISSION :

00’ 17”  - Introduction

01’ 30”  - M. Seydina NDIAYE - Directeur des PME - Ministère du Commerce,

15’ 50”  - M. Alexandre ALCANTARA - DG de SIAGRO - Groupe Kirène,

21’ 32”  - Mme Valérie NDIAYE - DG de Estéval.

41’ 20”  - M. Bagoré BATHILY - PDG de la Laiterie du Berger,

50’ 40”   - Conclusion                                             

51’ 17”   - Générique

51’ 53”   - Fin

 

ANNONCE DU CNP

Le Conseil National du Patronat - CNP vous donne rendez-vous samedi 27 mars 2021 de 11h à 12h sur Radio Sénégal International - RSI 92.5 FM pour son émission radiophonique "l'Entreprise Citoyenne", produite en partenariat avec la Fondation Konrad Adenauer.

Thème : La promotion du "Consommer Local",

Avec comme invités :

- M. Seydina NDIAYE - Directeur des PME - Ministère du Commerce,

- M. Alexandre Alcantara - DG de SIAGRO - Groupe Kirène,

- M. Bagoré BATHILY - PDG de la Laiterie du Berger,

- Mme Valérie NDIAYE - DG de Estéval.

Pour tout savoir sur la promotion de l'emploi du Consommer Local, rendez-vous samedi 27 mars 2021 de 11h à 12h sur Radio Sénégal International - RSI 92.5 FM,

Avec le CNP.

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Banque et assurance : Ces pratiques qui révoltent les Sénégalais

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Banque et assurance : Ces pratiques qui révoltent les Sénégalais

Par: Babacar WILLANE - Seneweb.com | SENEWEB - 15 février 2021

Les Banques au Sénégal

Les services offerts aux Sénégalais par les banques et sociétés d’assurance ne sont pas toujours des meilleurs. Les manquements sont listés dans le rapport 2020 de l’Oqsf.

Les banques ont beaucoup d’efforts à faire pour que le Sénégal puisse dépasser ses 20% de taux de bancarisation. En effet, les Sénégalais ne manquent pas de griefs à l'encontre des banques, mais aussi de la microfinance et des sociétés d’assurance. C’est ce qui ressort du rapport 2020 de l’Observatoire de la qualité des services financiers (Oqsf), dirigé par le banquier Habib Ndao. Durant cette année, l’Oqsf a reçu 503 dossiers de médiation dont 347 pour les banques et Système financier décentralisé (Sfd) appelé microfinance et 156 pour les assurances.

Dans le secteur bancaire, on note, entre autres manquements, l’insuffisance des informations liées aux droits et obligations du client au moment de l’ouverture des comptes et durant tout son fonctionnement. Mais il se pose surtout le problème de la mobilité bancaire des clients. Cette problématique est liée, d’après le rapport, « au coût jugé élevé de la délivrance des attestations d’engagement et de non engagement par les banques et les SFD ; aux pénalités appliquées en cas de remboursement anticipé de crédit ; aux lenteurs concernant la délivrance aux clients demandeurs d’attestations d’engagement et d’attestation de non engagement ».

Autant d’obstacles que les banques mettent devant les clients pour empêcher la mobilité, alors que depuis le 1er octobre 2014, la Bceao a rendu gratuits 19 services bancaires parmi lesquels la clôture de compte. Un problème de confiance qui pourrait expliquer aussi le faible niveau de consentement préalable des clients.

Les dirigeants des banques, quant à eux, se plaignent du « volume relativement élevé des créances en souffrance » et du « coût jugé exorbitant des frais de droits de nantissement notamment les formalités d’actes notariés ».

La mauvaise volonté des assureurs

Dans les Sfd, c’est surtout le coût exorbitant du crédit et le niveau d’éducation financière des cibles jugé faible qui posent problème. Il s’y ajoute le surendettement et le papillonnage chez certains segments de clients, sans oublier les méthodes de recouvrement des gros calibres du sous-secteur, jugées inappropriées.

Dans le secteur de l’assurance, on dirait une mauvaise volonté de la part des assureurs. Car au-delà de la qualité de l’information avant le contrat, jugée insuffisante, on note des lenteurs dans la nomination des experts, « les retards récurrents dans le règlement des demandes de rachat formulées par les assurés ; le non-paiement à bonne date des capitaux échus par l’assureur de la rente scolaire ». Le tout sans compter la contestation des rapports des experts par les assurés et l’incapacité de l’assureur d’honorer ses engagements au terme du contrat, « malgré de multiples relances de la part de l’assuré ».

Face à tous ces écueils, l’Oqsf formule, entre autres recommandations, le renforcement de la transparence de l’information sur le crédit du côté des banques, la levée des entraves à la mobilité des usagers, « l’amélioration de la qualité du réseau des GAB en raison des défaillances récurrentes notées notamment en période de rush ».

La contribution des banques

Habib Ndao et Cie veulent également la mise à disposition des conditions tarifaires à l’Oqsf et aux associations de consommateurs ainsi qu’une meilleure collaboration des banques dans le traitement des conflits. Quant au secteur de l’assurance, les recommandations se résument en deux mots : transparence et diligence du fait de l’opacité et des lenteurs susmentionnées.

Malgré les manquements, les banques ont joué un rôle important dans l’accompagnement de l’économie sénégalaise face aux impacts de Covid-19. Parmi les actions phares des banques, « les mesures de reports d’échéances pour la clientèle impactée », que ce soit les ménages ou les entreprises. Un soutien possible grâce aux mesures prises par la Bceao et l’Etat du Sénégal à travers le fonds force Covid-19 doté de 1000 milliards. L’Etat a accordé des facilités de crédit et procédé à des remises fiscales, entre autres mesures, pour rendre l’économie sénégalaise résiliente.

En outre, souligne Habib Ndao, secrétaire exécutif de l’Oqsf, l’Etat du Sénégal continue à multiplier les initiatives pour renforcer le secteur financier. On note à ce point, la « concertation pour l’allégement des taux d’intérêt débiteurs, élaboration d’une stratégie nationale de l’inclusion financière, mise en place d’un groupe de travail sur l’éducation financière de masse, projet de mutualisation de l’offre de services financiers… ».

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Franc Cfa, le silence complice des progressistes français

Franc Cfa, le silence complice des progressistes français

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Par: SenePlus - Seneweb.com | 04 février, 2021

Franc Cfa, le silence complice des progressistes français

À quelques rares exceptions près, les progressistes français ne se sont pas intéressés aux récentes manœuvres du pouvoir macroniste qui visent à prolonger la durée de vie du franc CFA. Leur silence permet la poursuite de la logique coloniale de la France en Afrique.

Après l’avoir annoncée à grand renfort de publicité fin 2019, le pouvoir macroniste a soumis ces derniers mois aux députés et aux sénateurs une « réforme » du franc CFA d’Afrique de l’Ouest. Le débat était capital pour l’avenir de 14 pays africains, dont le destin reste orienté par cette monnaie coloniale. Il l’était d’autant plus que les changements proposés étaient mineurs.

Les progressistes français auraient pu saisir cette occasion pour soutenir concrètement ceux qui, en Afrique, aspirent à une indépendance complète et militent pour la fin de la domination monétaire de la France. À quelques rares exceptions près, ils ne l’ont pas fait.

Dans l’indifférence quasi générale, la « réforme » a été adoptée par l’Assemblée nationale le 9 décembre 2020, puis par le Sénat le 28 janvier.

Inertie de l’opinion publique et des médias

Souvenons-nous des observations de Mongo Beti formulées il y a plusieurs décennies : c’est parce que « l’opinion publique » française « et en premier lieu la presse » sont restées inertes que le pouvoir gaulliste a pu briser l’élan des progressistes camerounais et n’octroyer qu’un semblant d’indépendance au Cameroun en 1960 (Main basse sur le Cameroun, autopsie d’une indépendance, Maspero, 1972).

L’écrivain anti-colonialiste dénonçait la solidarité à géométrie variable des intellectuels français, lesquels ménageaient toujours les intérêts français en Afrique : alors qu’ils s’engageaient avec passion aux côtés des gauches d’Amérique latine ou d’Europe de l’Est pour dénoncer la dictature sévissant dans leurs pays, ils ne manifestaient aucune solidarité à l’égard des Camerounais en lutte contre un régime tyrannique installé et soutenu par Paris.

Le même phénomène est manifestement toujours à l’œuvre à propos du franc CFA, créé par un décret du général de Gaulle en 1945 et placé depuis sous la tutelle du Trésor français : ces dernières années, son caractère rétrograde et inique n’a suscité que peu d’intérêt et d’émoi en France.

Ainsi, les économistes hétérodoxes et les politistes français qui se sont emparé de la question se comptent sur les doigts d’une main. Les activistes, dont les militants de l’association Survie, sont eux aussi peu nombreux. Les quelques médias dits « de gauche » ont pour leur part assuré le service minimum. Certains d’entre eux ont même relayé en mai 2020 l’idée que la France « actait » officiellement la « fin du franc CFA », prenant pour argent comptant le récit officiel sur la réforme du président Emmanuel Macron.

La vérité est pourtant tout autre et n’est pas difficile à établir : le système CFA ne fait l’objet que de légères modifications de nature symbolique pour les huit États qui utilisent le franc CFA en Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo), et il demeure inchangé pour les six pays d’Afrique centrale qui l’ont en partage (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine, Tchad). Tout ceci apparaît clairement dans les rapports et compte-rendus des débats parlementaires de ces derniers mois.

Il n’y a guère que des élus communistes, à l’Assemblée nationale et au Sénat, qui ont vraiment porté la contradiction à un gouvernement déterminé à préserver un dispositif décrié partout dans le monde, en mettant en exergue devant leurs collègues les limites et faux-semblants de la pseudo « réforme » du président Macron. Ils ont fait également des efforts de communication hors des hémicycles parlementaires. Mais ils n’ont pas réussi à briser le mur d’indifférence érigé autour du franc CFA depuis 75 ans et soutenu par toutes les couches de la société française – consciemment ou pas.

Un système appauvrissant

Or les enjeux sont cruciaux et les raisons de s’indigner sont nombreuses.

Le franc CFA est plus qu’une incongruité, c’est une seringue plantée dans les veines des pays africains qui vampirise leurs ressources. Il entretient un système colonial qui n’existe nulle part ailleurs, et sa persistance garantit celle de la pauvreté et de ses expressions multiples – dont l’émigration forcée vers la Méditerranée.

L’ancrage du franc CFA à l’euro, monnaie forte, pénalise en effet la compétitivité-prix des productions des pays qui l’utilisent, favorisant des économies rentières portées sur la consommation de marchandises importées, au détriment d’une politique axée sur l’augmentation des capacités de production nationales. À cause de la parité fixe avec l’euro, ces États ne peuvent pas se servir du taux de change en cas de crise économique et sont alors obligés de réduire leurs dépenses publiques.

Le mécanisme pousse par ailleurs les banques centrales de la zone franc à limiter les crédits bancaires qu’elles accordent aux ménages, aux entreprises et aux États. Conséquence, ces derniers voient leurs dynamiques productives paralysées et sont contraints d’emprunter sur les marchés financiers internationaux, à des taux élevés, pour financer leur développement. Quant au principe de libre transfert, l’un des piliers du fonctionnement du système CFA, il facilite des sorties colossales de capitaux.

Au bout du compte, les pays de la zone franc se trouvent enfermés dans un rôle de producteurs de matières premières et de consommateurs de produits importés. Le franc CFA contribue ainsi à l’augmentation du chômage, de la misère, de l’émigration dite « illégale »... Ce n’est sans doute pas un hasard si la plupart des personnes secourues en janvier 2021 par SOS Méditerranée étaient originaires de pays de la zone franc, dont le Mali (certes en guerre), la Côte d’Ivoire (qui n’est pas en guerre) et le Sénégal (pas en guerre non plus). Sur quatorze États membres de la zone franc, neuf sont aujourd’hui classés parmi les « pays les moins avancés » (PMA).

Pas de démocratie

L’hypocrisie des tenants du système CFA devrait aussi faire réagir tous ceux qui se préoccupent de démocratie, d’équité, de justice. Rendez-vous compte : la France garde son emprise sur le franc CFA sous le prétexte qu’elle joue un rôle de « garant », mais ce rôle est en réalité fictif !

Le président malien Modibo Keita l’a dit publiquement en 1962 (« La France ne garantit le franc CFA que parce qu’elle sait que cette garantie ne jouera pas effectivement »), le journaliste français Paul Fabra l’a écrit en 1972 dans Le Monde dans un article intitulé « Zone franc ou zone de pauvreté ? », et cette réalité a été rappelée à plusieurs reprises lors des derniers débats parlementaires. Au cours d’une séance de la commission des finances de l’Assemblée nationale en septembre 2020, un député a ainsi expliqué que la « garantie » française n’avait pas été activée depuis au moins 1994 et que tout était fait pour qu’elle ne le soit plus.

De plus, Paris gère le système dans l’opacité. Il suffit de lire le récent rapport de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale sur le projet de réforme, écrit par un député LREM, pour s’en rendre compte. « L’annonce du 21 décembre 2019 à Abidjan, par les présidents français Emmanuel Macron et ivoirien Alassane Ouattara, de la réforme monétaire a été une surprise pour tout le monde – élus, opérateurs économiques, banque centrale et population », note ce texte, parlant d’un « accord négocié dans le plus grand secret par une poignée de personnes à Paris et à Abidjan ».

Les dirigeants et citoyens des pays concernés par la réforme ont été ainsi mis devant le fait accompli par les présidents Macron et Ouattara. Ceux des États de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), dont ils font aussi partie, n’ont pu que constater la volonté de Paris de torpiller leur propre projet de monnaie commune (c’est l’un des trois objectifs non avoués de la réforme, les deux autres visant à réduire les critiques et à faire faire quelques économies au Trésor français).

Quant à la suite du processus d’adoption de cette « réforme » précipitée, elle est, elle aussi, stupéfiante, comme l’ont fait remarquer le sénateur communiste Pierre Laurent et le député communiste Jean-Paul Lecoq. Ce dernier a souligné devant ses collègues de l’Assemblée nationale combien il était aberrant et suspect que la France soit « le premier pays à ratifier cet accord, alors qu’en toute logique elle aurait dû attendre que les pays directement concernés l’aient fait d’abord ».

M. Lecoq a dû rappeler que la monnaie est une « institution politique et économique absolument fondamentale, puisque c’est elle qui permet à une zone de déterminer et de piloter son économie en se fixant des objectifs de développement ».

Toutes ces manœuvres du gouvernement pour prolonger la durée de vie du franc CFA (on peut ajouter que la « réforme » a été en partie appliquée avant même d’être soumise aux parlements français et africains) et la fiction organisée autour de la soi-disant « garantie » française n’intéressent donc pas les médias.

Sans gêne, la France officielle continue par conséquent d’imposer sa volonté aux autres (pour sauvegarder évidemment ses propres intérêts et ceux des entreprises françaises qui opèrent sur le continent et sont les premières bénéficiaires du système).

Les observateurs étrangers choqués

Ailleurs, les réactions sont très différentes : les journalistes, économistes et politistes des autres pays occidentaux sont choqués lorsqu’ils constatent que le franc CFA existe encore, soixante ans après les indépendances, et qu’il fonctionne sur la base des principes posés durant la période coloniale. En général, ils n’ont pas peur de le qualifier de « colonialiste », « impérialiste », « désastreux », « système d’exploitation », etc.

Dans un article publié en décembre 2020, le journaliste espagnol Jaume Portell Caño identifie le franc CFA comme l’une des cinq principales causes du phénomène migratoire partant du Sénégal vers l’Europe, une approche systémique que l’on trouve rarement dans la presse française.

Les Africains anglophones regardent eux aussi avec effarement cette domination monétaire française sur leurs voisins francophones. En 2018, la célèbre écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie déclarait : « Je vois beaucoup de différences entre les mondes anglophone et francophone, dans l’occupation de l'espace en Afrique. Le franc CFA rattaché au franc français (aujourd’hui l’euro, ndlr), par exemple, me paraît complètement rétrograde. »

Le changement ne viendra pas des dirigeants africains, soumis à la France

Le fait que les relations de la France avec les pays de la zone franc soient autant viciées et malsaines est l’autre raison qui devrait interpeler les progressistes français. Car le changement ne viendra pas des dirigeants africains : parce qu’ils sont pour la plupart redevables envers les autorités françaises (qui les ont bien souvent aidés à conquérir le pouvoir et à s’y maintenir durablement) ou craignent des représailles, ils ne prendront pas le risque de déplaire à Paris. Ils ne bougeront pas non plus parce qu’ils font généralement partie de la petite élite africaine qui tire quelques avantages du système CFA.

C’est pourquoi les activistes, économistes, politiques, journalistes et citoyens des pays africains qui réclament l’abolition du franc CFA depuis plusieurs décennies ont besoin que leurs collègues français et européens se mobilisent.

Le franc CFA n’est pas une question annexe ou exotique qui ne concernerait que les pays africains, qu’il faudrait laisser aux fonctionnaires de Bercy ou aux lobbies françafricains, et garder reléguée dans les bas-fonds de l’actualité. Il est la clé de voûte de la domination que la France continue d’exercer sur des États formellement indépendants.

Tant que l’ensemble des progressistes français s’en désintéresseront, ils conforteront par leur silence l’État français dans son choix de poursuivre sa logique coloniale en Afrique.

Pour en savoir plus sur le franc CFA : L’arme invisible de la Françafrique, une histoire du franc CFA, Fanny Pigeaud et Ndongo Samba Sylla (La Découverte, 2018). En anglais : Africa's Last Colonial Currency, The CFA Franc Story, Fanny Pigeaud & Ndongo Samba Sylla (Pluto Press, février 2021).

DU CFA A L'ECO : UN AN APRES ?

LE FRANC CFA TOUJOURS BIEN VIVANT, UN AN APRÈS L'ANNONCE DE SA DISPARITION

"Cette réforme Macron-Ouattara est un coup de bluff", déplore l'économiste Ndongo Samba Sylla. Selon plusieurs observateurs, la Côte d'Ivoire, principale économie de la zone avec le Sénégal, n'est pas particulièrement pressée de faire bouger les choses

AFP  |   Publication 25/12/2020

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2020 devait voir naître l'eco, une monnaie commune pour remplacer le franc CFA en Afrique de l'Ouest, après 75 ans d'existence. Mais sur les marchés d'Abidjan ou de Lomé, les vieux billets continuent de s'échanger.

Un an après l'annonce en grande pompe par les présidents français et ivoirien Emmanuel Macron et Alassane Ouattara de la fin d'un des derniers vestiges de la "Françafrique", le traité est en train d'être ratifié par les parlementaires français.

Mais de nombreuses questions concrètes restent encore en suspens.

Eco/Franc CFA : quels changements ?

Outre le changement symbolique du nom de la devise, l'avènement de l'eco va modifier deux choses.

D'abord, la France va cesser de participer aux instances de gouvernance de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).

Ensuite, la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO) ne devra plus déposer la moitié de ses réserves de change auprès de la Banque de France, obligation qui était perçue comme une dépendance humiliante vis-à-vis de la France par les détracteurs du franc CFA.

"Ce sont deux questions particulièrement symboliques qui cristallisaient la quasi-intégralité des critiques adressées au franc CFA", assure à l'AFP une source à l'Elysée.

Une chose ne change pas en revanche: l'indexation de la devise sur le cours de l'euro qui apporte une stabilité aux économies des pays de la zone mais les rend également dépendants de la politique monétaire de la Banque centrale européenne.

"Cette réforme Macron-Ouattara est un coup de bluff. Le cadre de la politique monétaire demeure inchangé, elle a juste porté sur les symboles qui fâchent comme le nom", déplore Ndongo Samba Sylla, économiste à la Fondation Rosa Luxembourg à Dakar.

"La question de la parité a été méticuleusement discutée en amont de l'annonce de la réforme et la réponse de nos interlocuteurs africains (…) était qu'il était souhaitable de maintenir cette parité, essentiellement pour des questions d'attractivité", répond une source à l'Elysée, reconnaissant un débat "légitime".

Une autre union monétaire en Afrique centrale, distincte de l'UEMOA, utilise également le franc CFA et n'est pour l'instant pas concernée par la réforme.

Une monnaie commune... avec qui ?

L'annonce de la nouvelle monnaie commune concerne les pays de l'UEMOA qui utilisaient le franc CFA : Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo.

Mais l'idée d'un eco plus large est régulièrement évoquée, en y intégrant d'autres pays comme le Ghana et surtout le Nigeria, poids lourd économique du continent qui pèse 70% du PIB de la sous-région.

A maintes reprises, la ministre des Finances, Zainab Shamsuna Ahmed, a toutefois répété que les pays ouest-africains n'étaient pas prêts à une quelconque union monétaire, tant qu'ils ne respecteraient pas les critères de convergence : un déficit budgétaire n'excédant pas 3%, une inflation à moins de 10% et une dette inférieure à 70% du PIB.

"La question derrière tout ça c'est de savoir quel est le degré de solidarité auquel sont prêts les pays africains entre eux ? C'est un débat difficile avec beaucoup de non-dits", analyse l'économiste togolais Kako Nubukpo.

Que manque t-il pour lancer l'eco ?

"L'eco n'existe pas encore. Aujourd'hui, nous sommes toujours avec le franc CFA. On a l'impression de tourner en rond", déplore M. Nubukpo qui prépare un rapport sur les modalités de transition entre les deux monnaies.

Le Covid a obligé les Etats à revoir leurs priorités mais l'épidémie n'est pas la seule raison qui explique cette mise en oeuvre poussive.

"Ce qui bloque, c'est un problème purement politique : il y a des dissensions entre les dirigeants d'Afrique francophone", estime l'économiste franco-ivoirien Youssouf Carrius.

Selon plusieurs observateurs, la Côte d'Ivoire, principale économie de la zone avec le Sénégal, n'est pas particulièrement pressée de faire bouger les choses.

Plusieurs fois, le président Alassane Ouattara a défendu le franc CFA, "une monnaie solide", dont la parité avec l'euro, assure une stabilité économique.

Payer en franc CFA, jusqu'à quand ?

L'arrêt du franc CFA suppose avant tout l'impression de nouveaux billets de banque.

Pour l'heure, ils sont toujours imprimés à Chamalières, dans le centre de la France, dans une imprimerie de la Banque de France.

Aucune date n'a pour l'instant été dévoilée pour changer les billets.

"C'est un calendrier africain. Il y aura cette question-là dans les sujets qui seront débattus au prochain sommet Afrique-France en juillet 2021", assure l'Elysée.

Un avis que partage Lambert N'Galadjo Bamba, conseiller au ministère de l'Economie et des Finances ivoirien : "Nous avons dû réactualiser la feuille de route en raison de la crise du coronavirus et nous donner plus de temps pour travailler sur la convergence. Tous ces processus demandent du temps, il faut compter quelques années encore" avant le lancement effectif de l'eco.

"Les Européens ont mis près de 30 ans pour avoir leur euro", rappelle l'économiste Ndongo Samba Sylla.

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LA FRANCE DOIT SORTIR TOTALEMENT DE NOS AFFAIRES MONETAIRES

Les décisions concernant notre avenir monétaire collectif ne doivent plus venir de Paris. Il est grand temps de soumettre à la sanction des peuples africains de vraies réformes du système monétaire actuel - FRONT POUR L'ABOLITION DU FCFA EN AFRIQUE

Publication 21/12/2020

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SenePlus publie ci-dessous, la déclaration datée du 21 décembre, du Front pour l’Abolition du franc CFA en Afrique, décriant la réforme de la monnaie ouest-africaine initiée notamment par le président français Emmanuel Macron.

« Aujourd’hui, 21 décembre 2020, cela fait un an que la France a entamé la réforme du franc CFA qu’elle a créé il y a 75 ans de cela, à une époque où aucun de nos Etats actuels n’existait.

Ce résultat est le fruit de la mobilisation anti-impérialiste de toutes celles et tous ceux qui se sont battus pendant des décennies pour l’abolition de la monnaie coloniale et qui ont donc contraint la France et ses affidés à annoncer précipitamment la « fin du Franc CFA » à l’occasion d’une visite du président français Macron à la base militaire du 43ème BIMA de Port-Bouet, près d’Abidjan l’an passé.

Mais, cette prétendue fin se résume en réalité à un changement de dénomination de la monnaie Franc CFA en ECO, la fin de la centralisation des réserves de change des Etats de l’Uemoa auprès du Trésor français, le « départ » du représentant de la France du conseil d’administration de la BCEAO.

Les changements annoncés en grande pompe par les présidents Macron et Ouattara n’étant que des modifications cosmétiques, c’est-à-dire de pure façade, après avoir fait l’objet d’une procédure d’approbation gouvernementale, puis parlementaire en France même, n’ont donné lieu à aucune réaction du côté des gouvernements et parlements africains concernés. Mieux ou pire, la création de cet ECO-Macron qui devait entrer en vigueur le 1er juillet 2020 n’est pas suivie d’effet à ce jour.

Cinq éléments au moins font que nous disons que la France et les présidents qui lui sont soumis ne cherchent qu’à duper la rue africaine en gommant du franc CFA ses éléments néocoloniaux visibles à l’œil nu afin de désamorcer la bombe souverainiste.

1- Le processus antidémocratique, antipopulaire excluant donc les peuples, les sociétés civiles, les patronats, les parlements africains…Processus initié par la France dans le but de ne laisser aucune marge de manœuvre à ses pantins africains ;

2-        L’accord monétaire avec la France a été renouvelé. Alors que nous exigeons la fin de l’occupation monétaire française. Nous demandons que la France sorte de nos affaires monétaires par la fin de l’accord entre nos pays et la France ;

3-        Le maintien de la parité fixe entre cet ECO-Macron et l’Euro qui est en réalité une préférence commerciale accordée à l’UE en général et à la France en particulier ;

4-        Ce maintien de la parité fixe entre l’ECO-Macron et l’Euro vise aussi à éliminer le risque de change pour les investisseurs en général européens et français en particulier ;

5-        Le choix par la France et ses valets de la dénomination ECO, qui a été volée à la CEDEAO, révèle une intention française : torpiller le projet de la monnaie CEDEAO afin d’étendre le franc CFA à d’autres pays africains avec une nouvelle dénomination ECO ;

Les décisions concernant notre avenir monétaire collectif ne doivent plus nous venir de Paris et il est grand temps de soumettre à la sanction des parlements et des peuples africains de vraies réformes du système monétaire actuel, en excluant la France de toute mainmise sur celui-ci. La France doit cesser d’être ce trait d’union entre nos pays, véritable frein au développement. La France doit sortir totalement, complètement de nos affaires monétaires.

C’est pourquoi nous :

-          dénonçons cette parodie de mise à mort du Franc CFA néocolonial et exigeons la fin de l’accord de coopération monétaire entre la France et nos pays ;

-          invitons toutes les africains, toutes les organisations progressistes à se mobiliser contre la présence monétaire française en Afrique et à faire barrage en Afrique et dans la diaspora à cette nouvelle tromperie monétaire ;

-          exigeons l’organisation de débats nationaux et de référendums nationaux sur la monnaie ;

-          saluons l’attitude progressiste et internationaliste de démocrates français qui contribuent à éventer ce complot impérialiste et invitons à la jonction de toutes nos forces pour la souveraineté monétaire de l’Afrique

Nous lançons un appel aux gouvernements, parlements africains concernés, en Afrique de l’ouest et du centre, ainsi que les organisations de la société civile, les syndicats et organisations patronales, les partis et mouvements politiques dans toute la zone monétaire du franc CFA à ouvrir un débat démocratique sur la question de la souveraineté monétaire de l’Afrique. Ces débats doivent aboutir à un referendum qui permettrait aux Africains de choisir directement soit de continuer à servir les intérêts de la France impériale, soit de prendre la voie de la souveraineté monétaire et donc de l’indépendance véritable, à l’image de nombreuses anciennes colonies françaises d’Asie, du Maghreb et d’Afrique noire.

Nous estimons qu’il s’agirait là de la procédure la plus démocratique pour la construction d’une sous-région ouest et/ou centre-africaine pleinement souveraines et maîtresses de leurs destinées, tant en matière de politique économique et financière que de stratégie de reconstruction autonome et de développement endogène. Il est à la fois inacceptable et humiliant de voir un pays non-africain continuer de prendre des décisions concernant notre monnaie et son fonctionnement. Les gouvernements et parlements africains, nous peuples africains concernés sommes donc à la croisée des chemins et devons enfin prendre nos responsabilités pour mettre fin à l’occupation monétaire française. »

 

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L'ÉCO, ENCORE UNE MONNAIE COLONIALE

Entretien avec Ndongo Samba Sylla, économiste et Martial Ze Belinga, économiste et sociologue animé par Chrystel Le Moing

Publication 15/06/2020

     https://youtu.be/6TXNA68x2VU

Entretien avec Ndongo Samba Sylla, économiste et Martial Ze Belinga, économiste et sociologue animé par Chrystel Le Moing. Cette émission est produite par le secteur international du Parti communiste français avec la fondation Gabriel Péri.

 

 

LE TALK DE MARIE-ROGER BILOA ET OUSSEYNOU NAR GUEYE

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L'ECO, LA NOUVELLE MONNAIE COLONIALE FRANÇAISE

EXCLUSIF SENEPLUS : La pression des nouvelles générations africaines aura-t-elle été décisive pour couper le cordon ombilical ? La monnaie de remplacement du franc CFA est-elle vraiment l’alternative attendue ?

Marie-Roger Biloa et Ousseynou Nar Gueye  |   Publication 13/06/2020

     https://youtu.be/BEa4crRcRU4

Dans ce numéro de ‘‘C’est dit, c’est à faire'', Marie- Roger Biloa reçoit Souleymane Ndao, professeur en économie et finances aux universités de Dakar et de Ouagadougou. Il a effectué un passage académique à la Banque de France où étaient justement stockées 50% des réserves de devises des 8 pays de l'UEMOA qui ont en partage le franc CFA d'Afrique de l'Ouest.

Il est question dans cette émission de la fin annoncée du Franc CFA en Afrique de l’Ouest et actée en deux étapes.

D’abord, par une déclaration des présidents français Emmanuel Macron et ivoirien Alassane Ouattara le 21 décembre 2019 à Abidjan. Ensuite par un vote du parlement français en avril dernier, entérinant cette décision. Cela faisait des décennies que se manifestait la demande accrue pour en finir avec cette monnaie qualifiée, à raison, de coloniale.

La pression des nouvelles générations africaines, renforcées par des voix expertes et même des soutiens étrangers a été décisive pour couper le cordon ombilical. Toutefois, la monnaie de remplacement du franc CFA en Afrique de l’Ouest n’est pas encore née. Même si on connait déjà son nom : l'ÉCO. Un nom disputé par l'UEMOA et la CEDEAO. Alors, quels sont les enjeux de cette réforme à la résistible ascension et les balises à respecter pour la réussir ?

L'invité Souleymane Ndao défriche les pistes de réponse, pour cette première émission d’une série à venir sur le franc CFA, qui accueillera plusieurs experts.

Ousseynou Nar Gueye intervient en éditorialiste invité.

Réalisation et montage par Boubacar Badji.

‘‘C’est dit, c’est à faire'' est un talk de SenePlus en partenariat avec MRB Networks et Tract.

 

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FRANC CFA, UNE SORTIE POLÉMIQUE

La polémique continue autour du passage du Franc CFA à l'Eco. En France, le projet de loi a été présenté la semaine dernière en Conseil des ministres. Un agenda qui fait débat

Publication 25/05/2020

Video :    https://youtu.be/Oq6vgDOawt8

La polémique continue autour du passage du Franc CFA à l'Eco. En France, le projet de loi a été présenté la semaine dernière en Conseil des ministres. Un agenda qui fait débat.

 

PAR FANNY PIGEAUD

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UNE RÉFORME DU FRANC CFA OUEST-AFRICAIN POUR SAUVEGARDER LE PRÉ CARRÉ FRANÇAIS

Retour sur les nombreux arguments développés par le député communiste Jean-Paul Lecoq pour démontrer à l'Assemblée nationale française que cette réforme ne changera rien et que le franc CFA va contre les intérêts des peuples africains

Fanny Pigeaud  |   Publication 11/12/2020

VIDEO : Du CFA à l’ECO : motion de rejet à l’Assemblée Nationale française par le Parti Communiste

VIDEO : Du CFA à l’ECO : motion de rejet à l’Assemblée Nationale française par le Parti Communiste

  • https://youtu.be/rP6fCk2X1PE

L’Assemblée nationale française a adopté ce 10 décembre le projet controversé de réforme du franc CFA ouest-africain – qui doit encore être soumis au Sénat et devra être signé par les pays africains concernés. Le communiste Jean-Paul Lecoq a développé de nombreux arguments pour démontrer que cette réforme ne changera rien et rappeler que le franc CFA va contre les intérêts des peuples africains.

L’Assemblée nationale française a adopté le 10 décembre le projet controversé de réforme du franc CFA d’Afrique de l’Ouest, qui concerne huit pays. Sur 73 députés votants, il y a eu 57 voix pour, 8 voix contre (groupe Gauche démocrate et républicaine/ France Insoumise) et 8 abstentions (le PS fait partie des abstentionnistes).

En début de séance, le communiste Jean-Paul Lecoq, rappelant que le sujet était « fondamental pour des dizaines de millions de personnes », a présenté une motion de rejet préalable qui n’a pas été retenue. « Cette monnaie, assumez-le, correspond aux intérêts des classes supérieures africaines tournées vers l’extérieur et des multinationales qui travaillent en euro ; pour les peuples et pour les PME africaines, elle peut être un véritable boulet. Votre majorité défend les intérêts des classes aisées et des multinationales en toutes circonstances et en tout lieu », a-t-il notamment dit, soulignant que la réforme proposée ne changeait rien sur le fond.

Le député s’est interrogé à propos de la manière dont s’est préparée cette réforme : « La méthode confirme la condescendance de la France vis-à-vis de ces pays. » Le nouvel accord monétaire qu’elle propose a été « négocié dans le plus grand secret par une poignée de personnes à Paris et à Abidjan », a lui-même reconnu le rapport de la commission des Affaires étrangères sur ce projet de loi.

« L’ordre dans lequel s’effectuent les ratifications » du nouvel accord monétaire est en soi « suspect », a aussi estimé Jean-Paul Lecoq : « Pourquoi la France est-elle le premier pays à ratifier cet accord, alors qu’en toute logique elle aurait dû attendre que les pays directement concernés l’aient fait d’abord ? »

Le verbatim de ses interventions lors de cette séance du 10 décembre est à lire ci-dessous.

Ses propos sont à mettre en lien avec ceux du député communiste Paul Cermolacce (d’ailleurs cité par Jean-Paul Lecoq) tenus devant l’Assemblée nationale le 19 juillet 1961, au sujet des « accords de coopération » conclus par la France avec la Côte d’Ivoire, le Dahomey, la Haute-Volta et le Niger et qui concernaient entre autres la monnaie et donc le franc CFA :

« Ces accords, négociés avec de grandes difficultés, constituent un nouveau compromis visant à maintenir, par des moyens détournés, l’essentiel des privilèges colonialistes, tout en s’efforçant de sauver la face aux yeux des peuples en cause. C’est bien là la marque de leur fragilité. Ce pseudo-libéralisme, dont on tente de parer la politique gaulliste, ne résiste pas aux faits. Il est en contradiction flagrante avec les prises de position du Gouvernement français sur les problèmes coloniaux, qu’il s’agisse des débats à l’Organisation des Nations unies, ou bien encore des questions algériennes. Les peuples d’Afrique, croyez-nous, ne sont pas dupes ; ils ne sont pas non plus crédules à l’égard de certains dirigeants africains qui se font les auxiliaires du colonialisme nouvelle forme ; ils aspirent à une véritable indépendance sans restriction ni arrière-pensée ».

(L’ensemble des débats de cette séance du 19 juillet 1961 est à lire ici : http://archives.assemblee-nationale.fr/1/cri/1960-1961-droit/044.pdf)

Soixante ans séparent l’intervention de Paul Cermolacce et celle de Jean-Paul Lecoq et la problématique reste la même… Stupéfiant !

On attend maintenant la réaction des députés des huit pays ouest-africains concernés par ce projet d’accord monétaire. Ils sont restés jusqu'ici bien silencieux et le flou demeure sur les modalités de signature de cet accord monétaire par leurs pays (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo).

Compte rendu intégral des interventions dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale de Jean-Paul Lecoq, député communiste, au sujet du projet de loi portant sur la réforme du franc CFA, le 10 décembre 2020

Discours motivant la motion de rejet préalable du projet de loi portant réforme du franc CFA :

Jean-Paul Lecoq. C’est à regret que je me tiens ici pour défendre cette motion de rejet préalable du projet de loi autorisant la ratification de l’accord de coopération entre la France et les États membres de l’Union monétaire ouest-africaine – vous avez fait un lapsus, monsieur le ministre délégué, en parlant de l’Union économique et monétaire, qui ne recouvre pas exactement la même réalité. J’aurais en effet aimé croire qu’une réforme du franc CFA – initialement appelé, ne l’oublions pas, franc des colonies françaises d’Afrique – serait l’occasion d’un débat approfondi entre tous les pays concernés et d’un véritable changement en profondeur de nos relations économiques et politiques avec les pays de l’Afrique de l’Ouest francophone.

Pourtant, rien ne s’est passé ainsi. Sur le fond, cette réforme n’a pas été faite pour changer quoi que ce soit ; sur la forme, la méthode confirme la condescendance de la France vis-à-vis de ces pays – si l’on ne change rien, pas besoin de concertation.

Personne n’était au courant de l’annonce de la réforme, en décembre 2019, par Emmanuel Macron à Abidjan. Seul son acolyte ultralibéral Alassane Ouattara en avait connaissance, lui qui avait été installé par les chars français en 2011 et qui est le champion toutes catégories de la multinationale Afrique à forte composante française, lui qui vient d’ailleurs de s’arroger un troisième mandat inconstitutionnel, au prix d’une répression implacable de ses opposants.

Bastien Lachaud. Il a raison !

Jean-Paul Lecoq. Quant aux autres partenaires de l’UMOA qui gère le franc CFA, à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Togo et le Sénégal, ils n’étaient même pas informés ; pas plus que ne l’était le gouverneur de la BCEAO, qui pilote cette monnaie.

Lorsque Emmanuel Macron a expliqué le sens de la réforme en décembre dernier, à Abidjan, il a dit : « j’ai souhaité pouvoir mettre à plat l’ensemble des sujets pour écrire une page nouvelle […] de notre histoire commune ». L’idée ne lui a donc pas été soufflée par les États membres de l’UMOA, comme on veut nous le faire croire, ce matin encore ; c’est encore et toujours Jupiter qui a décidé seul. 

Or un changement de monnaie, si l’on respecte un tant soit peu les peuples concernés, aurait dû faire l’objet d’un chantier démocratique, transparent et ouvert, quitte à être long. Prenons notre exemple : en 1992, lorsque la Communauté européenne a choisi de devenir l’Union européenne et de passer à l’euro, il y a eu, en France, un référendum sur les enjeux du passage à la monnaie unique, sept ans plus tard, avec un calendrier précis. Peu importe ce que l’on pense du résultat, force est de constater qu’au moins sur la méthode, les choses étaient plus démocratiques.

Ici, que nous propose-t-on ? Uniquement, la ratification d’un accord de coopération, sans même le calendrier de mise en place de l’eco. L’ordre dans lequel s’effectuent les ratifications est en soi suspect : pourquoi la France est-elle le premier pays à ratifier cet accord, alors qu’en toute logique elle aurait dû attendre que les pays directement concernés l’aient fait d’abord ? Notre parlement aurait ainsi pu tenir compte des débats démocratiques suscités par cette réforme chez les peuples en question. C’est un non-sens complet d’avoir procédé autrement, non-sens qui justifierait à lui seul que l’on rejette ce texte – ce que vous avez encore la possibilité de faire.

N’oublions pas en effet que l’on parle ici de monnaie, c’est-à-dire d’une institution politique et économique absolument fondamentale, puisque c’est elle qui permet à une zone de déterminer et de piloter son économie en se fixant des objectifs de développement.

Cette réforme du franc CFA va-t-elle permettre à l’UMOA de piloter ses taux de change afin de favoriser ses exportations où ses importations ? Va-t-elle laisser aux pays de la zone le choix de s’adosser à une monnaie plutôt qu’à une autre ? Va-t-elle leur permettre de piloter l’inflation, les taux d’intérêt, le poids de la dette ? Non. Rien ne changera, et le cordon ombilical qui relie le franc CFA à la zone euro va perdurer, au travers de l’arrimage à l’euro, de la liberté des transactions et de la convertibilité illimitée entre les deux monnaies, ce triple lien permettant à toute multinationale qui fait du commerce dans la zone monétaire du franc CFA de voir ses investissements sécurisés sur le long terme, de convertir en euros ses profits réalisés en francs CFA, puis de rapatrier ensuite ces capitaux vers la zone euro.

La parité fixe euro-franc CFA ne pose certes aucun problème à ceux qui travaillent en euros, mais c’est beaucoup plus compliqué dans tous les secteurs où la monnaie de référence est le dollar : l’euro – et donc, avec lui, le franc CFA – varie tous les jours face au dollar, et lorsque les taux de change sont trop volatiles, des secteurs entiers de l’économie peuvent perdre leur compétitivité du jour au lendemain – nous en avons fait l’expérience avant le passage à l’euro. L’Agence française de développement – AFD – avait d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme il y a quelques années, en indiquant que la parité fixe avait été l’un des principaux facteurs de l’effondrement du secteur du coton au Burkina Faso. Retenons les leçons de l’histoire !

Il pourrait donc être dans l’intérêt de certains pays de s’arrimer à d’autres monnaies que l’euro, mais le système favorise le lien entre zone euro et zone CFA, entravant de ce fait le commerce entre les membres de l’UMOA ou de la CEDEAO. Cela explique que, cinquante ans après les indépendances, l’Europe soit encore le premier partenaire commercial de la plupart de ces pays, alors que le commerce intracontinental représente moins de 15 % de leurs échanges – le sujet doit vous parler, monsieur le ministre délégué ! Ce chiffre signe l’échec véritable du franc CFA et justifierait à lui seul que cette monnaie soit remisée au placard de l’histoire.

Il n’y a, au sein de l’UMOA, aucun mécanisme de solidarité, aucun marché unique, aucune union politique ; aucun intérêt économique non plus à adopter une monnaie unique dont rien ne dit qu’elle bénéficiera à chacun de ses membres.

Comparons à nouveau avec la zone euro : malgré une très forte intégration économique et un commerce intense entre les États membres, nous savons tous que son fonctionnement n’est pas évident. Mais là, il s’agit d’une union monétaire sans autre forme d’union. Lorsque l’on ne maîtrise pas sa politique monétaire et que l’on ne peut pas laisser filer l’inflation pour diminuer la dette, le seul outil pour se désendetter, en cas de crise, est la diminution des dépenses publiques – cela nous parle ici aussi. Comme dans l’Union européenne, le programme est l’austérité à perpétuité. Le rôle du franc CFA dans la situation économique et sociale catastrophique des États membres de l’UMOA est à étudier avec sérieux, même s’il n’en est évidemment pas l’unique facteur, nous en sommes d’accord.

Regardons la situation d’un point de vue historique : dans les années 1980, le Fonds monétaire international – FMI – et la Banque mondiale ont saigné les pays d’Afrique de l’Ouest. Les fameux plans d’ajustement structurel ont, avec la complicité du club de Paris, détruit ces États en pleine construction, les ont rendus dépendants des cours des matières premières, les ont obligés à tout privatiser et à réduire le plus possible les dépenses publiques. Ils avaient promis un renouveau économique qui n’est jamais arrivé.

Évidemment, ces cures d’austérité n’ont jamais fonctionné et l’endettement des pays est resté très élevé. Le franc CFA a empêché ces pays d’utiliser l’inflation pour se désendetter. Ceux-ci ont donc continué à diminuer leurs dépenses publiques pour les porter à des niveaux totalement inacceptables pour leur population. Voilà l’origine de leur crise ! En effet, cette politique a produit des systèmes éducatifs totalement dégradés, des systèmes de santé inefficaces et des salaires si faibles dans la fonction publique qu’ils ne peuvent empêcher la corruption.

Face à ces situations, l’aide publique au développement – APD – ne suffit pas à remonter la pente : la pauvreté et les inégalités explosent, le chômage devient de masse, des millions de jeunes sont touchés par le désespoir et l’exil contraint se développe. Le pire, c’est que même avec l’APD, la zone CFA est encore perdante. Tous les pays de l’UMOA figurent dans la liste prioritaire de l’AFD ; une partie importante de notre APD est donc dédiée au déploiement de programmes, dont certains consistent à construire des infrastructures. Or qui est favorisé lorsqu’il s’agit de gagner des marchés dans une monnaie arrimée à l’euro ? Nos multinationales, bien sûr ! Le métro d’Abidjan offre un exemple funeste de ce genre de projets,…

Marc Le Fur, rapporteur pour avis de la commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire. Vous préférez les Chinois ?

Jean-Paul Lecoq. …que le sénateur communiste Pierre Laurent a récemment dénoncés. Le chantier a été confié, à la suite d’immenses pressions du pouvoir français et sans appel d’offres, à un consortium d’entreprises françaises, à un prix astronomique. La transformation du franc CFA en eco ne changera en rien ce système.

Les trois choses qui vont changer sont le nom, la possibilité pour la BCEAO de déposer ses réserves de change ailleurs qu’au Trésor français et l’absence de Français dans la gouvernance de la zone monétaire – et encore. L’étude d’impact du projet de loi affirme que la fin de l’obligation de réserve de change au Trésor français ne modifiera absolument pas la tutelle monétaire. En revanche, cette disposition allégera le coût supporté par la France, qui n’aura plus à rémunérer les avoirs déposés sur le compte dédié ; voilà qui en dit long sur l’état d’esprit de ses auteurs !

Jacques Maire, rapporteur. C’est petit comme argument, très petit !

Jean-Paul Lecoq. Quant à l’absence de Français dans la gouvernance de la zone monétaire, la lecture attentive de l’article 4 de l’accord commande de la nuancer. En effet, il dispose qu’une personnalité indépendante et qualifiée sera nommée par le conseil des ministres de l’UMOA, en concertation avec la France, pour siéger au comité de politique monétaire de la BCEAO – je ne reprendrai pas ici l’interpellation de Mme Roselyne Bachelot cette semaine.

La France sort donc par la porte pour mieux revenir par la fenêtre. L’objectif de la France vis-à-vis de l’UMOA est clair : faire taire les critiques populaires sur le franc CFA par une réforme plus que minimaliste.

Le nom de la nouvelle monnaie est une tartufferie comme j’en ai rarement vu. Eco est le nom du projet de monnaie unique de la CEDEAO, communauté économique qui englobe tous les États de l’UMOA, ainsi que le Cap-Vert, la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Liberia, le Nigeria et la Sierra Leone. La CEDEAO, ou ECOWAS en anglais, avait choisi le diminutif de son acronyme anglais pour nom de sa future monnaie. Nous avons affaire à une OPA hostile sur l’eco de la CEDEAO. L’objectif de la France vis-à-vis de la CEDEAO est clair : couper l’herbe sous le pied du projet monétaire de cette zone et imposer son eco comme un fait accompli, afin d’étendre l’influence de sa monnaie à tous les États membres de la CEDEAO. Le rapport de notre commission énonce clairement cet objectif, puisqu’on y lit à la page 22 : « Le fait que le changement de monnaie solde un héritage controversé est susceptible de générer une dynamique politique […]. Il peut permettre à d’autres pays, aujourd’hui extérieurs à l’UMOA, de rejoindre l’eco ».

Les pays concernés n’ont pas du tout apprécié cette visée de la France. Le Nigeria, poids lourd de la CEDEAO, a évoqué l’implosion de la zone si la réforme du franc CFA était mise en œuvre. Plusieurs États ont officiellement condamné cette initiative. Vouloir imposer l’eco à l’ensemble de la CEDEAO est une stratégie très dangereuse. L’exécutif français prend le risque d’une crise diplomatique dans cette zone déjà en proie à de fortes tensions.

L’objectif absolu s’agissant de la CEDEAO devrait plutôt être le renforcement des États, de leurs services publics et de leur économie : ces politiques seules seraient susceptibles d’offrir aux populations des perspectives de vie et de travail sur place.

Rodrigue Kokouendo, suppléant Mme Marielle de Sarnez, présidente de la commission des affaires étrangères. C’est ce qui est fait déjà en partie.

Jean-Paul Lecoq. Ces politiques seules seraient à même de lutter efficacement contre le terrorisme, qui ronge toute cette zone. Avec cette stratégie du chaos, la France affaiblit la CEDEAO. Or celle-ci est l’appui de l’Union africaine dans la politique de convergence économique et financière, et de développement d’une union douanière visant à créer des intérêts économiques communs dans la région et, surtout, à mettre en place une devise commune. Affaiblir la CEDEAO, c’est affaiblir le relais de l’Union africaine pour l’intégration régionale ; c’est affaiblir le multilatéralisme africain. Serait-ce là votre objectif ? Je ne peux pas y croire : vous parlez si souvent de multilatéralisme !

Voulons-nous être complices de cette stratégie de classe ? Que l’on me comprenne bien : je ne penche pas pour le très libéral projet eco de la CEDEAO, mais je constate que le Gouvernement français s’est invité dans ce débat pour en perturber le cours. Cette monnaie, assumez-le, correspond aux intérêts des classes supérieures africaines tournées vers l’extérieur et des multinationales qui travaillent en euro ; pour les peuples et pour les PME africaines, elle peut être un véritable boulet. Votre majorité défend les intérêts des classes aisées et des multinationales en toutes circonstances et en tout lieu.

Nous, députés communistes, nous opposons à cette réforme précisément parce que nous défendons, en toutes circonstances et en tout lieu, les plus précaires et les peuples. Pour cela, il faut un véritable renouvellement. L’exécutif français ne doit pas imposer sa volonté en faisant pression sur des dirigeants africains. Il est insultant de dicter à des pays indépendants leur politique monétaire et économique. Cette politique ne fait qu’alimenter le sentiment anti-français. Avec cette réforme, nous sommes à mille lieues de ce qu’il faudrait faire pour réparer et construire des relations respectueuses de coopération d’égal à égal entre nos pays et nos peuples.

Jacques Maire, rapporteur. Pompier pyromane !

Jean-Paul Lecoq. Il faut se poser la question de l’intérêt d’une telle réforme pour les peuples. À l’occasion de ce travail, nous n’avons rien trouvé qui aille dans ce sens : cette réforme n’est pas faite pour eux – eux qui pâtiront de ses mauvais côtés. Cette hypocrisie n’a que trop duré : il faut rejeter ce texte et repartir à zéro. Cette motion de rejet préalable vous en offre la possibilité : soutenez-la pour entamer un processus véritablement démocratique ! (M. Christian Hutin applaudit.)

Explication de vote concernant la motion de rejet préalable :

Jean-Paul Lecoq. Pour appuyer mon propos, je vais vous montrer que tous mes arguments figurent déjà dans le rapport de la commission.

À propos du manque de concertation, je vous invite à relire la page 26. À la page 21 est indiqué que la convention de garantie entre la France et la zone CFA n’est toujours pas conclue, ce qui prouve que nous votons sur une réforme qui n’est pas ficelée. Concernant les problèmes économiques que pose la réforme, le rapport pointe les mêmes faiblesses que celles que j’ai exposées. Plusieurs passages, aux pages 10, 12 et 13, indiquent que les entreprises multinationales et la frange aisée des populations sont favorisées par le franc CFA, alors que les PME locales et les populations pauvres en souffrent, surtout à cause des hauts taux d’intérêt et des coûts de production induits par la valeur élevée du franc CFA. En lisant ces pages, on se demande vraiment pourquoi vous vous félicitez de cette réforme, qui ne changera rien pour les peuples.

S’agissant de l’ambition défendue par Paris d’étendre l’eco à toute la CEDEAO, le rapport ne fait aucun mystère : aux pages 6 et 23, il indique que le franc CFA peut servir d’embryon à la future monnaie unique ouest-africaine. Les pages 22 et 23 montrent les tensions diplomatiques créées dans la CEDEAO par l’annonce précipitée de la réforme. Ce que j’ai indiqué à propos de la stratégie du Gouvernement français, consistant à prendre de vitesse la réforme monétaire de la CEDEAO pour tenter d’étendre à toute la zone une version quasi identique du franc CFA, figure dans le rapport.

Au-delà des problèmes de fond, la méthode n’est pas bonne : il aurait fallu au minimum laisser les parlements directement concernés s’exprimer avant nous. Je vous propose de rejeter dès maintenant le projet de loi. Peut-être pourrions-nous ensuite, et seulement ensuite, reprendre nos débats en fonction de ce qui se sera dit dans les parlements africains.

Intervention générale concernant le projet de loi portant réforme du CFA :

Mme la présidente. La parole est à M. Jean-Paul Lecoq.

Michel Herbillon. C’est un véritable festival !

Jean-Paul Lecoq. J’en ai encore à dire !

Franck Riester, ministre délégué. Encore ?

Michel Herbillon. C’est sa troisième prise de parole !

Bruno Fuchs. Il s’auto-allume !

Jean-Paul Lecoq. La relation de la France avec l’Afrique francophone ne pourra pas être assainie tant que les dirigeants de notre pays n’auront pas mis de côté leur obsession de l’influence politique et économique sur cette zone. La réforme que vous proposez est une nouvelle illustration de cette obsession…

Bruno Fuchs. Ça, c’est vrai !

Jean-Paul Lecoq. …et elle est aveugle aux dangers qu’elle pourrait faire naître.

La zone monétaire du franc CFA s’appelle « Union monétaire de l’Ouest africain » ; elle est composée du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée-Bissau, du Mali, du Niger, du Sénégal et du Togo. Tous ces pays font également partie d’un ensemble plus large : la CEDEAO, c’est-à-dire la Communauté économique des États de l’Ouest africain, qui compte en outre le Cap-Vert, la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Liberia, le Nigeria et la Sierra Leone.

Or les quinze États qui composent la CEDEAO ont pour objectif de converger économiquement, et entre autres, depuis des années, de travailler à une monnaie unique. Il n’y a pas de hasard : depuis 2019, la mise en place de cette monnaie unique de la CEDEAO s’accélère, et elle a reçu un nom, l’eco ; pourtant, en décembre 2019, sans que les membres de la CEDEAO, ni même les autres membres de l’UEMOA, ne soient au courant, Emmanuel Macron, président français, et Alassane Ouattara, président ivoirien, ont annoncé la mise en place de l’eco à l’échelle de la seule UMOA, en remplacement du franc CFA.

Cet eco-là ressemble à s’y méprendre au franc CFA, mais ignore totalement les critères retenus par la CEDEAO pour sa monnaie. Comme le dit l’économiste sénégalais Ndongo Samba Sylla, « une abolition du franc CFA aurait nécessité au moins, symboliquement, la fin de l’accord de coopération monétaire entre la France et les pays de l’UEMOA ». Or tel n’est pas le cas.

Alors pourquoi une réforme d’une telle ampleur a-t-elle été subitement proposée, sans concertation ? J’avancerai deux explications.

La première, c’est sans doute l’accélération du calendrier de réforme de la CEDEAO ; la peur française de perdre notre influence en Afrique de l’Ouest s’est alors réveillée, et les dirigeants français ont choisi de torpiller le projet de la CEDEAO, comme l’a dit l’économiste sénégalais Demba Moussa Dembelé. Mais cette stratégie a créé de très vives tensions diplomatiques, au sein de la CEDEAO – entre les pays utilisateurs du franc CFA et les autres –, mais aussi entre la CEDEAO et la France. Le président nigérian a même brandi la menace de dislocation de la CEDEAO. Cette stratégie de la tension est loin d’être innocente. C’est Justin Koné Katinan, ancien ministre ivoirien, qui l’explique le mieux : pour maintenir son influence en Afrique de l’Ouest, la France n’a que deux solutions, « soit avoir l’entièreté de la zone CEDEAO sous son contrôle grâce à sa monnaie, soit, à défaut, la désintégrer pour sauvegarder son espace, butin de son passé colonial ». Il n’y a pas de quoi être fier !

La deuxième explication, c’est la volonté de briser, au sein de l’UEMOA, « l’élan patriotique des Africains quant à la reconquête de leur souveraineté monétaire », selon les mots de l’économiste Séraphin Prao. Casser la dynamique naissante de l’eco, casser la dynamique anti-franc CFA qui émerge dans les sociétés civiles de l’UEMOA : voilà le pourquoi de la précipitation.

Au-delà du débat économique, on le comprend, c’est la sauvegarde du pré carré qui est en jeu. Or la politique de la terre brûlée engagée par cette réforme pourrait s’avérer très dangereuse ; prendre le risque d’un retour de flamme dans un espace géopolitique en proie à tant de dangers est totalement irresponsable. Cette irresponsabilité s’explique par l’histoire : cette réforme ne fait que poursuivre la fuite en avant entamée depuis le premier jour de la décolonisation.

D’ailleurs, le 19 juillet 1961, ici même, à l’occasion du débat sur le traité créant l’UMOA, le député communiste Paul Cermolacce disait : « les peuples d’Afrique […] aspirent à une véritable indépendance, sans restriction ni sans arrière-pensée. Vouloir aller contre ce courant, c’est aller à de nouveaux déboires. Nous nous refusons à cautionner votre politique. Notre position est claire : nous sommes pour de véritables rapports de coopération qui ne peuvent se concevoir et être durables sans une totale indépendance. » Il allait jusqu’à critiquer le fait que certaines élites africaines étaient corrompues par la France pour mieux faire accepter au peuple les décisions impopulaires exigées par Paris. Cela n’existe heureusement plus aujourd’hui – Raymond Devos ajouterait : « quoique ». Force est de constater que, soixante ans après cette intervention, nous voyons encore quotidiennement dans cette zone de l’Afrique les déboires dont parlait ce député communiste.

Le groupe de la Gauche démocrate et républicaine appelle donc à voter contre ce projet de loi, en espérant que cette fois-ci, le pouvoir entendra sa mise en garde.

Explication de vote sur l’ensemble du projet de loi portant réforme du franc CFA :

Jean-Paul Lecoq. Mes chers collègues, il me semble important d’insister encore sur le sujet tant il est fondamental pour des dizaines de millions de personnes, et tant il est délicat pour notre Parlement d’en débattre, puisqu’il ne concerne pas directement le peuple français. Les contours de la nouvelle monnaie reprendraient presque totalement ceux du franc CFA, notamment les trois principaux critères que sont la parité fixe avec l’euro, la garantie de conversion illimitée entre l’euro et l’eco, et la liberté de mouvement des capitaux entre les deux zones monétaires. Ces critères monétaires favorisent les multinationales travaillant avec l’euro et les classes africaines aisées, au détriment de l’emploi, de l’industrialisation et du dynamisme des PME locales. Le maintien de ces caractéristiques pour l’eco va donc à l’encontre des revendications des classes populaires d’Afrique de l’Ouest, victimes du chômage de masse et de la faiblesse du tissu économique, qui veulent depuis longtemps en finir avec cette monnaie issue de la colonisation française.

En même temps, la réforme de l’eco proposée par Paris entre en conflit avec la volonté de la CEDEAO de mettre en place une monnaie unique, l’eco CEDEAO. Cette stratégie a créé une très forte tension au sein de la CEDEAO qui a l’impression de se faire voler sa réforme par Paris.

Christian Hutin. Absolument !

Jean-Paul Lecoq. C’est une stratégie tout à fait volontaire : l’exécutif français veut couper court aux exigences de la réforme de la zone monétaire CFA par une réforme minimale qui supprime, notamment, le nom de la monnaie, afin d’empêcher une réforme monétaire de la CEDEAO qui mettrait en danger ses avantages économiques en Afrique de l’Ouest.

Une structure monétaire inchangée, une réforme précipitée au bénéfice des multinationales européennes, la volonté d’affaiblir le projet monétaire de la CEDEAO pour en prendre la place : tous les éléments sont réunis pour que la réforme ne fasse qu’empirer la situation actuelle. Je vous invite à voter contre le projet de loi.

Franc Cfa, le silence complice des progressistes français

franc cfa et progressistes français.jpg

Par: SenePlus - Seneweb.com | 04 février, 2021

À quelques rares exceptions près, les progressistes français ne se sont pas intéressés aux récentes manœuvres du pouvoir macroniste qui visent à prolonger la durée de vie du franc CFA. Leur silence permet la poursuite de la logique coloniale de la France en Afrique.

Après l’avoir annoncée à grand renfort de publicité fin 2019, le pouvoir macroniste a soumis ces derniers mois aux députés et aux sénateurs une « réforme » du franc CFA d’Afrique de l’Ouest. Le débat était capital pour l’avenir de 14 pays africains, dont le destin reste orienté par cette monnaie coloniale. Il l’était d’autant plus que les changements proposés étaient mineurs.

Les progressistes français auraient pu saisir cette occasion pour soutenir concrètement ceux qui, en Afrique, aspirent à une indépendance complète et militent pour la fin de la domination monétaire de la France. À quelques rares exceptions près, ils ne l’ont pas fait.

Dans l’indifférence quasi générale, la « réforme » a été adoptée par l’Assemblée nationale le 9 décembre 2020, puis par le Sénat le 28 janvier.

Inertie de l’opinion publique et des médias

Souvenons-nous des observations de Mongo Beti formulées il y a plusieurs décennies : c’est parce que « l’opinion publique » française « et en premier lieu la presse » sont restées inertes que le pouvoir gaulliste a pu briser l’élan des progressistes camerounais et n’octroyer qu’un semblant d’indépendance au Cameroun en 1960 (Main basse sur le Cameroun, autopsie d’une indépendance, Maspero, 1972).

L’écrivain anti-colonialiste dénonçait la solidarité à géométrie variable des intellectuels français, lesquels ménageaient toujours les intérêts français en Afrique : alors qu’ils s’engageaient avec passion aux côtés des gauches d’Amérique latine ou d’Europe de l’Est pour dénoncer la dictature sévissant dans leurs pays, ils ne manifestaient aucune solidarité à l’égard des Camerounais en lutte contre un régime tyrannique installé et soutenu par Paris.

Le même phénomène est manifestement toujours à l’œuvre à propos du franc CFA, créé par un décret du général de Gaulle en 1945 et placé depuis sous la tutelle du Trésor français : ces dernières années, son caractère rétrograde et inique n’a suscité que peu d’intérêt et d’émoi en France.

Ainsi, les économistes hétérodoxes et les politistes français qui se sont emparé de la question se comptent sur les doigts d’une main. Les activistes, dont les militants de l’association Survie, sont eux aussi peu nombreux. Les quelques médias dits « de gauche » ont pour leur part assuré le service minimum. Certains d’entre eux ont même relayé en mai 2020 l’idée que la France « actait » officiellement la « fin du franc CFA », prenant pour argent comptant le récit officiel sur la réforme du président Emmanuel Macron.

La vérité est pourtant tout autre et n’est pas difficile à établir : le système CFA ne fait l’objet que de légères modifications de nature symbolique pour les huit États qui utilisent le franc CFA en Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo), et il demeure inchangé pour les six pays d’Afrique centrale qui l’ont en partage (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine, Tchad). Tout ceci apparaît clairement dans les rapports et compte-rendus des débats parlementaires de ces derniers mois.

Il n’y a guère que des élus communistes, à l’Assemblée nationale et au Sénat, qui ont vraiment porté la contradiction à un gouvernement déterminé à préserver un dispositif décrié partout dans le monde, en mettant en exergue devant leurs collègues les limites et faux-semblants de la pseudo « réforme » du président Macron. Ils ont fait également des efforts de communication hors des hémicycles parlementaires. Mais ils n’ont pas réussi à briser le mur d’indifférence érigé autour du franc CFA depuis 75 ans et soutenu par toutes les couches de la société française – consciemment ou pas.

Un système appauvrissant

Or les enjeux sont cruciaux et les raisons de s’indigner sont nombreuses.

Le franc CFA est plus qu’une incongruité, c’est une seringue plantée dans les veines des pays africains qui vampirise leurs ressources. Il entretient un système colonial qui n’existe nulle part ailleurs, et sa persistance garantit celle de la pauvreté et de ses expressions multiples – dont l’émigration forcée vers la Méditerranée.

L’ancrage du franc CFA à l’euro, monnaie forte, pénalise en effet la compétitivité-prix des productions des pays qui l’utilisent, favorisant des économies rentières portées sur la consommation de marchandises importées, au détriment d’une politique axée sur l’augmentation des capacités de production nationales. À cause de la parité fixe avec l’euro, ces États ne peuvent pas se servir du taux de change en cas de crise économique et sont alors obligés de réduire leurs dépenses publiques.

Le mécanisme pousse par ailleurs les banques centrales de la zone franc à limiter les crédits bancaires qu’elles accordent aux ménages, aux entreprises et aux États. Conséquence, ces derniers voient leurs dynamiques productives paralysées et sont contraints d’emprunter sur les marchés financiers internationaux, à des taux élevés, pour financer leur développement. Quant au principe de libre transfert, l’un des piliers du fonctionnement du système CFA, il facilite des sorties colossales de capitaux.

Au bout du compte, les pays de la zone franc se trouvent enfermés dans un rôle de producteurs de matières premières et de consommateurs de produits importés. Le franc CFA contribue ainsi à l’augmentation du chômage, de la misère, de l’émigration dite « illégale »... Ce n’est sans doute pas un hasard si la plupart des personnes secourues en janvier 2021 par SOS Méditerranée étaient originaires de pays de la zone franc, dont le Mali (certes en guerre), la Côte d’Ivoire (qui n’est pas en guerre) et le Sénégal (pas en guerre non plus). Sur quatorze États membres de la zone franc, neuf sont aujourd’hui classés parmi les « pays les moins avancés » (PMA).

Pas de démocratie

L’hypocrisie des tenants du système CFA devrait aussi faire réagir tous ceux qui se préoccupent de démocratie, d’équité, de justice. Rendez-vous compte : la France garde son emprise sur le franc CFA sous le prétexte qu’elle joue un rôle de « garant », mais ce rôle est en réalité fictif !

Le président malien Modibo Keita l’a dit publiquement en 1962 (« La France ne garantit le franc CFA que parce qu’elle sait que cette garantie ne jouera pas effectivement »), le journaliste français Paul Fabra l’a écrit en 1972 dans Le Monde dans un article intitulé « Zone franc ou zone de pauvreté ? », et cette réalité a été rappelée à plusieurs reprises lors des derniers débats parlementaires. Au cours d’une séance de la commission des finances de l’Assemblée nationale en septembre 2020, un député a ainsi expliqué que la « garantie » française n’avait pas été activée depuis au moins 1994 et que tout était fait pour qu’elle ne le soit plus.

De plus, Paris gère le système dans l’opacité. Il suffit de lire le récent rapport de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale sur le projet de réforme, écrit par un député LREM, pour s’en rendre compte. « L’annonce du 21 décembre 2019 à Abidjan, par les présidents français Emmanuel Macron et ivoirien Alassane Ouattara, de la réforme monétaire a été une surprise pour tout le monde – élus, opérateurs économiques, banque centrale et population », note ce texte, parlant d’un « accord négocié dans le plus grand secret par une poignée de personnes à Paris et à Abidjan ».

Les dirigeants et citoyens des pays concernés par la réforme ont été ainsi mis devant le fait accompli par les présidents Macron et Ouattara. Ceux des États de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), dont ils font aussi partie, n’ont pu que constater la volonté de Paris de torpiller leur propre projet de monnaie commune (c’est l’un des trois objectifs non avoués de la réforme, les deux autres visant à réduire les critiques et à faire faire quelques économies au Trésor français).

Quant à la suite du processus d’adoption de cette « réforme » précipitée, elle est, elle aussi, stupéfiante, comme l’ont fait remarquer le sénateur communiste Pierre Laurent et le député communiste Jean-Paul Lecoq. Ce dernier a souligné devant ses collègues de l’Assemblée nationale combien il était aberrant et suspect que la France soit « le premier pays à ratifier cet accord, alors qu’en toute logique elle aurait dû attendre que les pays directement concernés l’aient fait d’abord ».

M. Lecoq a dû rappeler que la monnaie est une « institution politique et économique absolument fondamentale, puisque c’est elle qui permet à une zone de déterminer et de piloter son économie en se fixant des objectifs de développement ».

Toutes ces manœuvres du gouvernement pour prolonger la durée de vie du franc CFA (on peut ajouter que la « réforme » a été en partie appliquée avant même d’être soumise aux parlements français et africains) et la fiction organisée autour de la soi-disant « garantie » française n’intéressent donc pas les médias.

Sans gêne, la France officielle continue par conséquent d’imposer sa volonté aux autres (pour sauvegarder évidemment ses propres intérêts et ceux des entreprises françaises qui opèrent sur le continent et sont les premières bénéficiaires du système).

Les observateurs étrangers choqués

Ailleurs, les réactions sont très différentes : les journalistes, économistes et politistes des autres pays occidentaux sont choqués lorsqu’ils constatent que le franc CFA existe encore, soixante ans après les indépendances, et qu’il fonctionne sur la base des principes posés durant la période coloniale. En général, ils n’ont pas peur de le qualifier de « colonialiste », « impérialiste », « désastreux », « système d’exploitation », etc.

Dans un article publié en décembre 2020, le journaliste espagnol Jaume Portell Caño identifie le franc CFA comme l’une des cinq principales causes du phénomène migratoire partant du Sénégal vers l’Europe, une approche systémique que l’on trouve rarement dans la presse française.

Les Africains anglophones regardent eux aussi avec effarement cette domination monétaire française sur leurs voisins francophones. En 2018, la célèbre écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie déclarait : « Je vois beaucoup de différences entre les mondes anglophone et francophone, dans l’occupation de l'espace en Afrique. Le franc CFA rattaché au franc français (aujourd’hui l’euro, ndlr), par exemple, me paraît complètement rétrograde. »

Le changement ne viendra pas des dirigeants africains, soumis à la France

Le fait que les relations de la France avec les pays de la zone franc soient autant viciées et malsaines est l’autre raison qui devrait interpeler les progressistes français. Car le changement ne viendra pas des dirigeants africains : parce qu’ils sont pour la plupart redevables envers les autorités françaises (qui les ont bien souvent aidés à conquérir le pouvoir et à s’y maintenir durablement) ou craignent des représailles, ils ne prendront pas le risque de déplaire à Paris. Ils ne bougeront pas non plus parce qu’ils font généralement partie de la petite élite africaine qui tire quelques avantages du système CFA.

C’est pourquoi les activistes, économistes, politiques, journalistes et citoyens des pays africains qui réclament l’abolition du franc CFA depuis plusieurs décennies ont besoin que leurs collègues français et européens se mobilisent.

Le franc CFA n’est pas une question annexe ou exotique qui ne concernerait que les pays africains, qu’il faudrait laisser aux fonctionnaires de Bercy ou aux lobbies françafricains, et garder reléguée dans les bas-fonds de l’actualité. Il est la clé de voûte de la domination que la France continue d’exercer sur des États formellement indépendants.

Tant que l’ensemble des progressistes français s’en désintéresseront, ils conforteront par leur silence l’État français dans son choix de poursuivre sa logique coloniale en Afrique.

Pour en savoir plus sur le franc CFA : L’arme invisible de la Françafrique, une histoire du franc CFA, Fanny Pigeaud et Ndongo Samba Sylla (La Découverte, 2018). En anglais : Africa's Last Colonial Currency, The CFA Franc Story, Fanny Pigeaud & Ndongo Samba Sylla (Pluto Press, février 2021).

LES INDEMNITES DE FIN DE CARRIERE

Revue “Entreprendre Plus” du CNP - Octobre 2020

Revue “Entreprendre Plus” du CNP - Octobre 2020

Souscrire un contrat d’assurance retraite

« Les avantages pour les Entreprises d’une externalisation des indemnités de fin de carrière (IFC) ... »

Pour écouter l’émission radio du CNP produite en partenariat avec l’AAS, cliquer sur la flèche ci-dessous ( durée 47 mn)

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Association des Assureurs du Sénégal - AAS

Lors du départ à la retraite d’un salarié ou de son licenciement, son entreprise a l’obligation de lui verser un capital, plus connu sous le nom d’indemnité de fin de Carrière (IFC). Le cumul de cette obligation légale à l’échelle de tous les employés est une charge financière très importante qui, si elle n’est pas bien planifiée, peut impacter fortement la trésorerie de l’entreprise. D’où l’intérêt pour l’entreprise d’en externaliser la gestion à travers une assurance IFC.

Bases légales de l’assurance indemnités fin de carrière

La Convention Collective Nationale Interprofessionnelle (CCNI) du 27 mai 1982, révisée au 31 décembre 2019, fait obligation aux entreprises de servir à leurs employés des indemnités en cas de :

•    départ à la retraite ;

•    de licenciement ;

•    ou de décès

Les droits à l’IFC sont en conséquence un engagement de toute entreprise vis-à-vis de ses salariés et font partie de son passif social ; le montant correspondant  doit dès lors figurer à l’annexe du bilan.

Contrat d’assurance Indemnités de Fin de Carrière (IFC)

Nature : Contrat collectif d’assurance sur la vie à adhésion obligatoire souscrit auprès d’une compagnie d’assurance.

Objectif : Préparer le financement des obligations à l’IFC telles que prévues par la CCNI.

En cas de cessation des activités de l’entreprise, les fonds gérés par la compagnie d’assurances sont utilisés pour payer les droits acquis par l’ensemble des agents. En cas d’insuffisance du solde du fonds, les droits pourront être payés au prorata. Si par contre, le solde du fonds dépasse le cumul des droits acquis, le reliquat sera directement reversé à l’entreprise après règlement de tous les droits à l’IFC acquis.

Temps de présence

POURCENTAGES APPLICABLES

 

 

Départ à la retraite ou de décès Licenciement

De la 1ère à la 5ème année 25% 25%

De la 6ème à la 10ème année 30% 30%

De la 11ème à la 20ème année 45% 40%

Au-delà de la 20ème année 50% 40%

Modalités de calcul des droits à l’IFC

Conformément aux dispositions des articles 80 et 84 de la CCNI, pour chaque année de service, l’employé acquiert une indemnité égale à un % de son salaire mensuel de référence des 12 derniers mois qui précédent son départ.

Si l’entreprise dispose d’une convention spécifique ou en cas d’existence d’une convention de son secteur d’activité, l’employé se verra appliquer la convention la plus favorable.

Avantages de l’externalisation des droits à l’IFC

La norme comptable internationale IAS 19 ainsi que l’Ordre des Experts Comptables recommandent aux entreprises de provisionner leurs engagements au titre des droits de leurs agents à l’IFC.

Toutefois, ce provisionnement en interne présente le risque de la tentation de détournement d’objectif ou tout simplement d’utilisation des fonds pour faire des investissements parfois très risqués.

Dès lors, les entreprises doivent privilégier l’externalisation des droits à l’IFC aux fins de bénéficier des avantages ci-après :

•    baisse des charges futures de l’entreprise grâce notamment à une revalorisation annuelle du fonds.

•    Sécurisation dans le temps des droits des employés ;

•    Rassurer les collaborateurs sur la préservation et la sécurisation de leurs droits. À ce titre, l’assurance IFC est un excellent outil de gestion des ressources humaines.

•    Avantages fiscaux avec la déductibilité des cotisations versées à cet effet du revenu imposable de l’entreprise conformément aux dispositions du CGI (Art. 9, alinéa 6) ;

•    Insaisissabilité du fonds placé chez l’Assureur.

Pour ne pas déséquilibrer la trésorerie de votre entreprise et bénéficier d’un cadre fiscal avantageux, mais surtout, sécuriser les droits actuels et futurs acquis par vos salariés et pouvoir faire face, le moment venu, à l’ensemble de vos engagements au titre de l’IFC, pensez à souscrire à la solution d’assurance Indemnités de Fin de Carrière proposée par toutes les compagnies d’assurance vie du marché.

L’Association des Assureurs du Sénégal - BP 1766 – DAKAR – Tel (221) 33 889-48-64 ; Fax : (221) 33 821-49-74 ; e-mail : fssa@orange.sn

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L’ENTREPRISE CITOYENNE

Le magazine radiophonique du Conseil National du Patronat

En partenariat avec la Fondation Konrad Adenauer

L’externalisation de l’indemnité de Fin de Carrière – IFC

Quels avantages pour les entreprises ?

 

CONTEXTE DE L’EMISSION

L’indemnité de Fin de Carrière – IFC est un acquis consacré dans la convention collective interprofessionnelle, qui fait obligation aux entreprises de verser à tout travailleur allant à la retraite un montant calculé sur la base de son salaire et de son ancienneté.

Les entreprises ont le choix entre gérer ces fonds en interne ou externaliser leur traitement auprès d’une compagnie d’assurance, moyennant un abattement fiscal et la garantie de la sécurisation de ces fonds

Il reste aux travailleurs à s’assurer que leur employeur respecte ses engagements afin d’éviter des complications au moment d’entrer dans leurs droits

 

ANNONCE DU CNP

Le Conseil National du Patronat - CNP a diffusé le samedi 28 novembre 2020 de 11h à 12h sur Radio Sénégal International - RSI 92.5 FM, son émission radiophonique "l'Entreprise Citoyenne", produite en partenariat avec la Fondation Konrad Adenauer.

Thème : L'externalisation des Indemnités de Fin de Carrière - IFC : Quels avantages pour les entreprises ?

Avec comme invités :

-M. Mamadou FAYE - Président de la Commission Statistiques, Comptabilité, Fiscalité et Conformité de l'Association des Assureurs du Sénégal - AAS,

-M. Papa Seyni THIAM - Président de la Commission Assurance Vie de l'Association des Assureurs du Sénégal - AAS. 

 CONDUCTEUR DE L’EMISSION :

00’ 18”  - Introduction

02’ 19” - M. Mamadou FAYE - Président de la Commission Statistiques, Comptabilité, Fiscalité et Conformité de l'Association des Assureurs du Sénégal - AAS,

32’ 54” - M. Papa Seyni THIAM - Président de la Commission Assurance Vie de l'Association des Assureurs du Sénégal - AAS. 

46’ 20” - Générique Fin

46’ 56” - Fin de l’émission

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LA COMPLICITE DES ELITES

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LA COMPLICITÉ DES ÉLITES

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Ceux qui appauvrissent le continent – FMI, Banque mondiale, OMC, etc. – peuvent dormir tranquillement : ils peuvent toujours compter sur le soutien de certains fils du continent qui diront que si l’Afrique est en retard, c’est de sa seule faute

Bosse Ndoye  |   Publication 10/08/2020

"Les blancs s'en vont mais leurs complices sont parmi nous, armés par eux ; la dernière bataille du colonisé contre le colon, ce sera souvent celle des colonisés entre eux.[1]" Frantz Fanon,

Depuis les déclarations des indépendances officielles de nombre de pays africains dans les années 60 jusqu’à nos jours, beaucoup d’événements survenus sur continent n’ont cessé de renforcer la véracité des propos de Fanon et de prouver leur actualité.

Dans l’actuelle République démocratique du Congo, ex-Zaïre, Patrice Lumumba l’a malheureusement très vite appris à ses dépens. En effet, pour maintenir l’exploitation de son pays que d’aucuns qualifient de scandale géologique – tant le sous-sol est riche -, l’ancienne puissance coloniale, la Belgique, poussée entre autres par l’Union minière, fit rapidement allumer des feux fratricides – auxquels elle participa amplement – par le biais de ses laquais Moïse Tshombe et Albert Kalonji. Ces derniers organisèrent respectivement la sécession de Katanga et du Kasaï, les deux régions les plus riches du pays juste quelques semaines après la déclaration d’indépendance. Cet événement allait être l’un des premiers, sinon le premier d’une longue série de confrontations malencontreuses – allant de coups d'État aux rebellions en passant par des liquidations sommaires - mettant aux prises des fils d’un même pays, d’un même continent ; les uns luttant pour le développement et la libération complète de leur peuple ; les autres agissant de connivence avec une ou plusieurs puissances impérialistes étrangères, qui tirent généralement les ficelles en échange de quelques avantages ou soutiens.

Si cette situation n’avait été et n’est encore que l’œuvre d’inconnus désespérés à la recherche de notoriété ou de richesses, elle eût été moins surprenante et choquante. Mais elle a été aussi et demeure l’affaire de certains parmi les fils du continent occupant ou ayant occupé les premiers rôles dans leurs pays et jouissant d’une certaine réputation sur le continent. Les cas de Senghor et d’Houphouët Boigny sur le plan politique parmi tant d’autres en Afrique noire francophone peuvent bien étayer ces propos.

Vu, non sans raison, par Ousmane Sembene – à travers le personnage de Léon Mignane - comme étant, après Faidherbe, le meilleur produit de l'ancienne métropole, et le meilleur préconsul que Paris ait envoyé en Afrique francophone[2]; par une universitaire française[3] comme  étant le colonisé introuvable ; par Mongo Béti[4], comme la plus noble conquête de l’homme blanc, l’oncle Tom-Senghor[5] ; par Boubacar Boris Diop, comme un homme ondoyant, un être entre deux eaux[6], le premier président sénégalais a souvent servi de relai à l’ancienne métropole dans l’exercice de ses basses besognes sur le continent. Il a participé activement à la mise en quarantaine de Cheikh Anta Diop loin de l’Université de Dakar et du champ politique pendant plusieurs années de peur qu’il n’inoculât le virus de l’éveil dans les jeunes consciences endormies dans le pays afin d’éviter d'y faire vaciller les intérêts de la France. D’après Roland Colin, rapportant les propos de Mamadou Dia, lors de la rencontre de Gonneville-sur-mer entre ce dernier et Senghor, à propos de la position à tenir lors du référendum de 1958, le président-poète avait demandé de laisser le pays rester encore quinze à vingt ans[7] sous domination française avant de penser à l’indépendance. Ce n’est dès lors pas étonnant qu’il ait tenu ces propos : "Le carré français, croyez-moi, nous ne voulons pas le quitter. Nous y avons grandi et il y fait bon vivre. Nous voulons simplement...y bâtir nos propres cases, qui élargissent et fortifieront en même temps le carré familial, ou plutôt l'hexagone France[8]."  C’est sous sa présidence que l’Opération Persil et l’Opération Mar Verde – en partie - furent préparées au Sénégal pour faire couler la Guinée de Sékou Touré dont le seul tort était d’avoir osé dire non à la France pour se soustraire à sa domination. C’est la preuve que ceux qui sont contents de leur asservissement trouveront toujours dérangeants ceux qui réclament haut et fort leur liberté. Beaucoup d’autres choses peuvent être dites sur Senghor agissant pour la France au détriment de son peuple et de ses frères africains.

Le premier président ivoirien - que Frantz Fanon désignait comme un ennemi de l’indépendance de l’Afrique ; un homme de paille du colonialisme pour avoir affirmé que l’Algérie doit demeurer dans le cadre français, pour être allé défendre les thèses françaises aux Nations Unies[9] - a été avec Senghor l’autre béquille sur laquelle la France s’est longuement appuyée pour mener sa marche tranquille visant à asseoir sa domination en Afrique francophone. En agissant de connivence avec l’ancienne métropole, il a joué un grand rôle dans la dissuasion du Dahomey (actuel Bénin) et de la Haute-Volta (actuel Burkina Faso) de participer à la Fédération du Mali, qui devait les unir avec le Soudan français (actuel Mali) et le Sénégal. C’est sous son instigation que le Conseil de l’entente regroupant à l’époque de sa création le Bénin, le Niger, le Burkina Faso fut mis sur pied pour contrecarrer la Fédération du Mali. L’ancien président ivoirien avait tout fait pour éviter à son pays de s’unir avec ceux qu’il appelait les "affamés du Sahel", selon les propos de Roland Colin. Il a soutenu Kasa-Vubu, adoubé par Paris, contre Lumumba à l’ONU, a participé à la déstabilisation de la Guinée nouvellement indépendante et au renversement de Kwamé Nkrumah en 1966 : "Houphouët Boigny a permis aux conspirateurs d’utiliser la Côte d’Ivoire pour coordonner l’arrivée et le départ de leur mission[10]". Toujours pour son soutien indéfectible à la France - dont le rôle est bien connu dans la guerre du Biafra - il a été parmi les premiers à reconnaître le gouvernement sécessionniste de Biafra. C’est même en Côte d’Ivoire que le Colonel Ojukwu trouva refuge après sa tentative avortée de sécession. Jacques Foccart souligne que : "Le général de Gaulle lui donna carte blanche pour aider la Côte d’Ivoire à aider le Biafra." [11] Comme dans le cas de Senghor, beaucoup de choses peuvent être dites sur Houphouët agissant en faveur de la France au détriment de son peuple et de nombre de ses frères africains.

Alassane Ouattara, dont il était très proche, ne fait que marcher sur ses pas. Comme son homologue sénégalais Macky Sall - en bons successeurs du couple Houphouët-Senghor - il n’a pas hésité à louer les bienfaits du franc CFA, à expulser de son pays ceux qui ont osé le critiquer comme Kemi Séba et Nathalie Yamb - dans son cas. Tous les deux préservent jalousement les intérêts français dans leurs pays au grand dam des populations locales. La décision hâtive et suspecte de remplacer le franc CFA par l’Eco ne constitue pas seulement un coup de Trafalgar de la part de Ouattara, mais elle est aussi un court-circuitage de la CEDEAO dans son projet de monnaie sous régionale décidé depuis plusieurs décennies et un mépris de l’opinion de nombreux Africains qui veulent couper le cordon ombilical monétaire avec la France.

La guerre fratricide que se livrent les anciens colonisés pour le compte des anciens colonisateurs sur le continent n’est pas seulement physique et armée, elle aussi intellectuelle. La particularité pour celle-ci est que l’ancien maître n'a pas toujours besoin de tirer quelque ficelle que ce soit. Car d’autres peuvent agir à sa place. Ayant largement réussi sa colonisation - qui en plus d’avoir été une entreprise de domination, d’exploitation économique a été aussi une entreprise d'aliénation, de décérébration pour employer les mots de Fanon -, elle peut compter sur une certaine élite formée dans ses écoles, dans ses universités qui est prête à la défendre bec et ongle intellectuellement. Ce sont les personnes composant cette élite que Sartre, dans sa préface des Damnés de la terre, qualifie d’êtres truqués, des mensonges vivants, tant le décalage est grand qui les sépare de leurs peuples. Si bien qu’ils ne peuvent même plus communiquer. En outre, comme le rappelle Odile Tobner : "Les intellectuels noirs sont étroitement surveillés. Toute une génération de diplômés est embrigadée. La docilité est le prix à payer pour accéder aux rôles de figuration, assortis de prébendes, qui vont faire des dirigeants africains les vampires de leurs peuples. Il s'agit aussi de déconsidérer autant que faire se peut les rares voix capables de galvaniser les esprits colonisés.[12]" 

Il n’y a souvent que sur le continent africain que l’on trouve certaines divergences sur la défense d’intérêts nationaux face à d’autres pays étrangers. Là où l’unité nationale, l’union sacrée est facilement obtenue dans d’autres pays, même parfois pour des causes dépourvues de noblesse ou tout simplement iniques. Dès lors, les anciens pays esclavagistes n’ont pas besoin de s’excuser ou de réparer leurs méfaits, il y aura toujours des fils du continent, des intellectuels – parfois stipendiés ou affublés de titres pompeux ou lauréats de certains prix…en Occident - pour dire que si les Blancs ont osé réduire certains fils du continent en esclavage, c’est parce qu’ils étaient aidés par d’autres Africains. Peut-être ignorent-ils que chaque domination crée des collaborateurs dans la population soumise. L’exemple de la France sous l’Occupation est patent. Ceux qui appauvrissent le continent noir – le FMI, la Banque mondiale, l’OMC, les néocolonialistes, etc. – peuvent dormir tranquillement : ils peuvent toujours compter sur le soutien de certains fils du continent qui diront que si l’Afrique est en retard, c’est de sa seule faute. Certes, face à la gabegie, aux dirigeants qui s’accrochent manu militari au pouvoir en toute illégalité constitutionnelle, au népotisme, au pillage, aux détournements de deniers publics, à l’absence de patriotisme de nombre de dirigeants, l’attitude, les discours et la frustration de ces personnes, qui disent qu’il est trop facile de vouloir toujours se décharger sur l’Occident, sont très compréhensibles. Mais ce serait une erreur que d’ignorer l’impact négatif de la dette odieuse, la détérioration des termes de l’échange, les chantages des institutions financières internationales, les rapports de force défavorables à la plupart des pays africains et surtout leur absence d’indépendance véritable...Notamment les anciennes colonies françaises de l’Afrique subsaharienne. De plus, l’Occident n’hésite pas à réviser l’histoire, à trouver des descendants d’esclaves et de colonisés pour défendre ses positions ; bref à tout tenter pour faire porter aux Africains "le chapeau du sous-développement" qui sévit sur une bonne partie du continent tout en occultant sa part de responsabilité dans les conséquences néfastes de la traite négrière, de la colonisation et actuellement du néocolonialisme qui y plombent le décollage économique de beaucoup de pays. On ne sort pas culturellement, économiquement, psychologiquement indemne de 5 siècles de domination. Cette situation fait souvent penser au complexe de Néron dont parlait Albert Memmi[13]. Pour légitimer leurs pillages des pays « asservis » et défendre leur rôle d'usurpateurs, les colonisateurs, par le passé, et les néocolonisateurs, de nos jours, ont échafaudé toutes sortes d'arguments et de théories pour « rendre licites » leurs agissements afin de se donner bonne conscience. Autrefois, les premiers nommés se cachaient derrière le manteau de la supériorité raciale et de la mission civilisatrice qui en était un corollaire pour conquérir des pays. Mais vu que tout le monde sait maintenant que leurs arguments sont scientifiquement faux et fallacieux, politiquement incorrectes et anachroniques, leurs successeurs ont changé de stratégies. Ils dénigrent les pays « soumis » ou à « soumettre » en dénonçant certaines de leurs pratiques qualifiées de "barbares", leur inaptitude à exploiter et à utiliser convenablement leurs propres richesses et leur propension à la dictature et à la corruption. Et en même temps, ils louent le développement technologique et économique et la « démocratie » dans leur pays et n’hésitent pas à falsifier ou à réécrire l'histoire pour servir de vils desseins. Du racisme biologique, ils sont passés au racisme culturel et culturaliste. Les périodes changent, mais les pratiques demeurent sous d'autres formes. Rien de nouveau sous le soleil. Donc, nombre de problèmes sur le continent doivent être considérés au minimum sous un angle double quand on veut les analyser. Sinon le résultat risquerait d’être hémiplégique.

Pour ce qui concerne le déboulonnage de la statue de Faidherbe, la situation n’avait même pas besoin de tous ces débats houleux, de toute cette dissertation tant ce qui est à faire est évident puisque c’est juste une question de dignité. Imaginez une statue de Bugeaud à Alger, celle d’Hitler à Tel-Aviv. C’est impensable !

Le problème des dirigeants qui collaborent avec des puissances étrangères au détriment de leurs peuples renvoie encore et toujours à la question de la souveraineté véritable, et partant à la question de puissance. Tant que l’on n’aura pas la liberté d’élire les dirigeants que l’on veut et de se séparer d’eux démocratiquement lorsque ne font plus l’affaire, la capacité de nous défendre, de nous nourrir, de nous soigner tout seuls, on aura toujours au sommet de nos États des présidents fantoches, soutenus de l’extérieur et plus préoccupés à avoir le satisfécit des grandes puissances, des institutions financières internationales que par le bien-être et la tranquillité de leurs peuples. De petits pays faibles et divisés ne pourront pas changer cet état de fait. Seul un ensemble fort en sera capable. D’où la nécessité de s’unir, comme l’avaient souhaité de tous leurs vœux Cheikh Anta Diop et Kwamé NKrumah.

[1]Cité par Odile Tobner, Du racisme français, quatre siècles de négrophobie, p.225

[2] Ousmane Sembene, Le dernier de l’empire, p.344

[3] Boubacar Boris Diop, L’Afrique au-delà du miroir, p.104-105

[4]Mongo Béti, Les Deux mères de Guillaume Ismaël Dzewatama, p. 158

[5] Mongo Béti, Le Rebelle 1, p.350

[6] Boubacar Boris Diop, L’Afrique au-delà du miroir, p.90

[7]Roland Colin, Sénégal notre pirogue, au soleil de la liberté, p.104

[8] Léopold Sédar Senghor, intervention à l’Assemblée nationale, séance du 29 janvier 1957 , http://www2.assemblee-nationale.fr/decouvrir-l-assemblee/histoire/grands-discours-parlementaires/leopold-sedar-senghor-29-janvier-1957

[9]Pour les révolutions Africaines, p.135

[10]Bridgette Kasuka, citée par Said Bouamama, Manuel stratégique de l’Afrique, p.71, Tome 2

[11]Ibid, p.71

[12] Odile Tobner, Du racisme français, quatre siècles de négrophobie, p. 228-229

[13] Albert Memmi, Portrait du colonisateur, portrait du colonisé, p.72

UEMOA – CEDEAO : DU CFA A L’ECO : SOUVERAINETE MONETAIRE OU TROMPE-L’ŒIL ?


Chronique

Lâcher le CFA pour mieux contrôler l'ECO ? (Par Mamoudou Ibra Kane)

Par: Mamadou Ibra KANE - Seneweb.com | 22 mai, 2020

Video : https://www.seneweb.com/news/Chronique/lacher-le-cfa-pour-mieux-controler-l-eco_n_318540.html

AUDIO. Le monde se dé-confine. La vie reprend. Lentement mais sûrement. Heureux ceux qui sont proactifs. Malheur à ceux qui sont réactifs. Proactivité ? La France manœuvre ferme envers l'Afrique. Sa proie facile. Après tout il faut songer à l'après-covid ! D'où la dernière trouvaille de l'ancienne puissance colonisatrice : la fin de la monnaie coloniale chère aux pays anciennement colonisés. Il ne fallait surtout pas que le franc CFA survive au virus. Faut-il en vouloir à Paris de se projeter dans la post-crise ? Évidemment non. La France est logique avec elle-même. Après avoir pris les devants, le 21 décembre dernier à Abidjan, en annonçant avec le président ivoirien Alassane Ouattara à ses côtés, la mort prochaine du franc CFA, il ne restait plus au président Emmanuel Macron qu'à signer l'acte de décès, en conseil des ministres à l'Elysée. Alliant ruse, opportunisme et réalisme, en un mot machiavélisme, l'Etat-stratège français fait semblant de renoncer à tout. Mais, au fond, il garde l'essentiel. Disons tout. En tout cas, tout est dans le symbole. En effet, la France sera et restera le "garant financier" du futur ECO comme elle le fut du CFA. Ceux qui rêvaient d'une coupure sèche du cordon ombilical entre l'ancien colonisateur et ses anciens colonisés devront encore patienter. Comme si, hélas, le processus de décolonisation n'était pas encore achevé.

Symbole pour symbole, on aurait assurément apprécié que la fin du CFA et son remplacement par le vieux projet de monnaie unique de la CEDEAO qu'est l'ECO, soient actés lors d'un conseil des ministres à Dakar, Abidjan ou Bamako. Imaginons que le projet de loi mettant fin au franc CFA ait été adopté de manière synchronisée par l'ensemble Etats membres de l'UEMOA et de la CEMAC. Parallélisme des formes et question de souveraineté, chaque président africain aurait pu s'entourer de son gouvernement au complet pour faire de la rupture un acte solennel. Encore, hélas un rendez-vous manqué. Il ne faut surtout pas jeter la pierre à la France. De Gaulle avait déjà prévenu avec sa formule choc : les Etats n'ont pas d'amis ; ils n'ont que des intérêts. Avant lui, un baron anglais avait dit la même chose : "L'Angleterre n'a pas d'amis ou d'ennemis permanents ; elle n'a que des intérêts permanents." Rapporté à la question de la monnaie, les dirigeants de l'UEMOA d'abord et de la CEDEAO ensuite, tiennent là toutes les bonnes raisons de s'affranchir enfin de toutes les tutelles. Un changement de discours s'impose également aux activistes anti-CFA. En l'état actuel des choses, tout sentiment anti-français devient une fuite de responsabilité. La monnaie pour ne pas dire la balle est plutôt dans notre camp.

Situation paradoxale. Au moment où le CFA se meurt et que l'ÉCO tente ou tarde à voir le jour, la gendarmerie sénégalaise réalise la prise du siècle : 1 950 000 000 d'euros en billets noirs, environ 1 300 milliards de francs CFA. Presque le tiers du budget du Sénégal. De quoi s'inquiéter dans une perspective de planche à billets réclamée par certains. Faux billets. Faux médecins. Faux policiers. Faux gendarmes. Faux douaniers. Faux journalistes. Faux décrets. A ce rythme il ne nous reste plus qu'à avoir… des faux présidents. Serions-nous donc des faussaires voire des fossoyeurs de nos propres pays ? Les faits ne plaident pas en notre faveur. Et dire que nous devrions demain battre notre propre monnaie ! Légitime, me diriez-vous certainement ! Mais, le pire ennemi de la monnaie n'est-il pas cette culture du faux ?

Ouattara et Macron annoncent le remplacement du franc CFA par l'ECO en Afrique de l'Ouest

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Par:  RFI -  RFI  |  21 décembre, 2019 à 20:12:08 | Lu 18784 Fois | 182 Commentaires

Ouattara annonce le remplacement du franc CFA par l'éco en Afrique de l'Ouest

Aux côtés d'Emmanuel Macron, le président ivoirien Ouattara a annoncé ce 21 décembre la fin prochaine du franc CFA qui sera remplacé par l'éco. Les huit pays de l'actuelle zone franc en Afrique de l'Ouest vont couper les liens techniques avec le Trésor et la Banque de France, ils ont eux-mêmes cette monnaie sans interférence de la France.

Le franc CFA va disparaitre de l'Afrique de l'Ouest. Le président Ouattara l'a annoncé ce vendredi 21 décembre: «en accord avec les autres chefs d'État de l'UEMOA, nous avons décidé de faire une réforme du franc CFA». Les huit pays qui utilisent cette monnaie vont adopter une nouvelle devise qui sera baptisée l'éco. Cet éco à huit pays deviendra donc le noyau dur du futur dispositif de la CEDEAO.

Les liens techniques avec la France sont en grande partie coupés, c'est-à-dire que Paris ne cogérera plus la monnaie de ces huit pays. Les réserves de changement ne seront pas plus centralisées par la France et les réponses de 50% de ces réserves sur le fameux compte d'opération du Trésor français disparait.

C'était une revendication forte d'une partie de l'opinion publique ouest-africaine. «Paris voulait désamorcer cette critique», comme l'explique un diplomate. De plus, la France se retire des instances de gestion du CFA. Jusqu'à présent, Paris avait un représentant à la BCEAO, la Banque centrale des états d'Afrique de l'Ouest, un autre à la commission bancaire et un dernier au conseil de politique monétaire.

Paris, de cogestionnaire à garant

L'éco conservera une parité fixe avec l'euro, ce qui garantit la même valeur de la monnaie pour les consommateurs. Cette disposition pourrait évoluer avec le temps et en fonction de la volonté des autres pays de la CEDEAO voudrait rejoindre l'éco.

Enfin, la France garde un rôle de garant en cas de crise. Si jamais les pays de la zone éco n’ont plus de quoi payer leurs importations, la France le fera. Reste que si l'on en arrive là, Paris se réserve le droit de revenir dans une instance de décision, en l’occurrence le conseil de politique monétaire.

En définitive, Paris passe d’un rôle de cogestionnaire à un rôle de garant. Mais ce faisant, la France s’est assurée de conserver une relation économique particulière avec les pays de la zone UEMOA. Paris affirme que cette évolution est rendue nécessaire par le projet de monnaie commune de la CEDEAO.

VIDEO : Du CFA à l’ECO : motion de rejet à l’Assemblée Nationale française par le Parti Communiste

VIDEO : Du CFA à l’ECO : motion de rejet à l’Assemblée Nationale française par le Parti Communiste

Fin du franc CFA : L'Afrique de l'Ouest gagne "en indépendance politique"

Par: RFI - RFI | 22 décembre, 2019 à 11:12:43  |

Fin du franc CFA : L'Afrique de l'Ouest gagne "en indépendance politique"

 

Le président ivoirien, Alassane Ouattara a annoncé ce samedi la fin prochaine du franc CFA en Afrique de l'Ouest qui sera remplacé par l'éco. Un nouvel accord monétaire en ce sens a été signé à Abidjan. Et l'éco sera rattaché à l'euro. Retrouvez notre édition spéciale dans ce papier.

Les huit pays de l'actuelle zone franc en Afrique de l'Ouest vont couper les liens techniques avec le Trésor et la Banque de France. Ils géreront eux-mêmes cette monnaie sans interférence de Paris. Mais la France continuera d'offrir des garanties en cas de crise monétaire. L'éco sera rattaché à l'euro.

La France, solide filet en cas de crise économique

"Lorsqu'on touche au monétaire, on touche au politique", affirme un économiste interrogé par RFI. En clair, dit-il, la dimension politique de passer à l'éco est essentielle et peut rendre confiance à des pays et à leur intégration.

L'éco reste arrimé à l'euro. Et la France, si elle quitte les instances de gouvernance de la monnaie ouest-africaine, demeure un solide filet en cas de crise économique et financière dans la sous-région.

"On pourrait dire que l'Afrique de l'Ouest gagne en indépendance politique, apporte du baume au cœur aux investisseurs nationaux et préserve un lien étroit avec les investisseurs étrangers", note un analyste monétaire. C'est une première étape, qui, selon cet analyste, est importante, parce que dans un premier temps, il faut se presser doucement, et dans un second temps, il ne faut pas aujourd'hui décrocher l'Afrique de l'Ouest de l'Afrique centrale.

Dans un avenir plus ou moins lointain, assure-t-il, les discussions porteront sur l'éco, non plus rattaché au seul euro, mais aussi à d'autres monnaies.

La fin du franc CFA ne va rien changer au quotidien

"C'est une étape dans la bonne direction parce que cela clarifie le débat. Les Français ne sont plus dans les organes de gouvernance. Nous choisissons une parité fixe arrimée sur l'euro, et demandons spécifiquement à la France de garantir cette parité", explique Abdourahmane Sarr, économiste sénégalais, président du Centre de financement du développement économique local (Cefdel).

Pour lui, la fin du franc CFA est d'abord un moyen de dépassionner le débat autour de la monnaie unique arrimée à l'euro. "La discussion maintenant va changer. Ce sera: est-ce que cet arrimage et cette garantie sont quelque chose de bien ou pas pour l'économie ? À ce moment-là, les économistes pourront débattre sans que le débat ne soit pollué par des questions qui dans le fond ne sont pas très importantes", analyse-t-il.

L'économiste sénégalais affirme que la fin du franc CFA ne va rien changer au quotidien "à part le fait que la perception d'ingérence de représentants de la France dans les organes de gouvernance ne sera plus là. Mais dans le fond, rien n'a changé".

 

Comprendre le remplacement du Franc CFA par l'éco

Par: Seneweb News - Seneweb.com | 23 décembre, 2019

 

VIDEO:

https://www.seneweb.com/news/Video/comprendre-le-remplacement-du-franc-cfa-_n_304216.html

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Communiqué des intellectuels africains sur les réformes du Franc CFA

Par Kady KONATE - AfrikMag

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Les reformes du Franc CFA annoncées le 21 décembre en Côte d’Ivoire creusent jusqu’alors des débats en trombe déconcertants cristallisant les opinions publiques africaines. Nous publions ci-dessous la déclaration intégrale d’un collectif des figures d’intellectuels historiques .

« Le 21 décembre 2019, le président ivoirien Alassane Ouattara et son homologue français Emmanuel Macron ont annoncé trois réformes du franc CFA, la monnaie coloniale créée le 26 décembre 1945 et qui circule encore dans quatorze pays africains dont les huit de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA). 

Les réformes prévues sont les suivantes : le franc CFA de l’Afrique de l’ouest sera renommé ECO ; la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) ne sera plus dans l’obligation de déposer ses réserves de change auprès du Trésor français ; la France n’aura plus de représentants au sein des organes de la BCEAO.

Nous précisons que ces évolutions ne résultent pas de la bienveillance du gouvernement français et de son allié ivoirien, eux qui ont longtemps défendu le statu quo. Le déclencheur a plutôt été la mobilisation pour l’abolition du franc CFA, portée depuis quelques années par des mouvements sociaux panafricanistes, des intellectuels, des citoyens ordinaires, etc. dans le continent et dans la diaspora. C’est donc l’occasion de féliciter et d’encourager ceux et celles qui œuvrent sans relâche à l’émancipation collective de l’Afrique. 

Il serait cependant prématuré de crier victoire. Si certains symboles gênants, associés au franc CFA, vont disparaître, les liens de subordination monétaire sur le plan légal et sur le plan de la conduite de la politique monétaire restent en place.

Tout d’abord, la France maintient toujours le rôle officiel de garant ; un rôle, il faut le souligner, qu’elle n’a jamais vraiment exercé pour la simple raison que ce sont les Africains eux-mêmes et les ressources à leur disposition qui ont toujours permis l’émission et la convertibilité du franc CFA.

Ensuite, la Banque de France abrite toujours l’essentiel du stock d’or monétaire des pays de l’UEMOA. Enfin, la parité du franc CFA vis-à-vis de l’euro est toujours maintenue. Ce qui est une façon non seulement d’accorder une préférence commerciale à la zone euro mais également de soumettre la politique monétaire des pays de l’UEMOA à celle de la Banque centrale européenne (BCE).

Par ailleurs, l’annonce que le franc CFA  sera renommé « ECO » laisse perplexe. Rappelons que ECO est le nom retenu, en juin 2019, à Abuja, par les  quinze pays de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest) pour désigner la monnaie unique régionale ouest-africaine en gestation. Ce projet a été initié au sein de la CEDEAO depuis 1983 et sa mise en œuvre a fait entretemps l’objet de plusieurs reports. 

Pourquoi donc les pays de l’UEMOA devraient-ils s’arroger le droit de rebaptiser ECO le franc CFA alors qu’ils n’ont pas encore tous rempli les critères d’entrée dans la zone monétaire ECO définis au sein de la CEDEAO ? Comment comprendre cette déclaration hâtive de Macron et Ouattara qui maintient la France en tant que prétendu « garant » du franc CFA renommé ECO, ainsi que la parité fixe avec l’euro alors que la CEDEAO requiert pour le lancement de sa monnaie unique le retrait total de la France de la gestion monétaire des pays de l’UEMOA ?

Sans mentionner que la CEDEAO a fait le choix d’adosser sa monnaie à un panier de devises.nNe faudrait-il pas craindre une tentative de sabotage surtout au regard de la volonté maintes fois exprimée par le gouvernement français d’élargir l’usage du franc CFA aux pays anglophones ouest-africains et d’isoler le Nigeria ?

Devant la confusion actuelle, amplifiée plutôt que dissipée par les différents communiqués de la CEDEAO, de la BCEAO, de la République du Nigeria, de la République du Ghana, etc. nous invitons les citoyens des États membres de la CEDEAO à faire preuve de plus de vigilance concernant les récents développements liés au franc CFA et à l’ECO. 

S’il faut saluer l’émergence d’un débat public, porté par des intellectuels et acteurs de la société civile en Afrique, sur la question du franc CFA, nous devons en même temps déplorer le mutisme inquiétant de nos chefs d’État et de gouvernement sur une question aussi importante sur le plan symbolique, politique, économique et psychosociologique. 

Face au déficit de communication des gouvernements africains sur un sujet qui engage l’avenir de plus de 300 millions d’habitants en Afrique de l’ouest et celui de l’intégration régionale, nous demandons :

– Aux chefs d’État de l’UEMOA et de la CEDEAO de prendre leurs responsabilités auprès de leurs peuples respectifs en ouvrant un débat populaire et inclusif sur les réformes en cours. En effet, la souveraineté est d’abord l’affaire des peuples qui, il faut le rappeler à nouveau, ont de leur propre initiative posé le débat sur le franc CFA et sur la souveraineté monétaire de l’Afrique de l’ouest.

– Aux chefs d’État de l’UEMOA d’informer clairement leurs concitoyens sur les surprenantes déclarations d’Alassane Ouattara et d’Emmanuel Macron qui semblent les engager, sans qu’ils aient eu encore à en référer à leur parlement et aux autres institutions républicaines pertinentes.

– Aux spécialistes des questions économiques et monétaires au sein de la CEDEAO, de l’UEMOA et de la BCEAO de participer activement au débat public sur les reformes en question, en confrontant leurs propositions aux objections soulevées par des chercheurs et leaders indépendants de la société civile.

– Aux peuples des États membres de la CEDEAO de rester  mobilisés dans le débat citoyen enclenché sur la sortie définitive de la France de la gestion monétaire de nos États et sur l’adoption de systèmes monétaires souverains au service des peuples et qui s’inscrivent dans la dynamique de mise en place d’une Fédération des États de l’Afrique de l’ouest.

Nous réaffirmons que la question de la monnaie est fondamentalement politique et que la réponse ne peut être principalement technique. Instrument et symbole de souveraineté, la monnaie doit être l’émanation des aspirations profondes des peuples d’Afrique qui doivent être en permanence associés aux processus en cours.

A cet égard, nous sommes d’avis que les critères de convergence ne constituent pas une approche appropriée. Ils doivent être revus et éventuellement remplacés par des indicateurs de nature plus politique prenant en compte les défis de l’heure : l’industrialisation, l’autonomisation des producteurs locaux, la compétitivité des entreprises nationales de la zone CEDEAO, le plein emploi et la transformation écologique. 

Si nous aspirons à une souveraineté économique et monétaire de la CEDEAO, c’est parce qu’elle est la voie royale pour mettre fin à l’extraversion économique, à l’endettement en devises étrangères,  aux flux financiers illicites et aux autres facteurs contribuant à des formes de croissance économique non inclusive. 

Fait à Dakar, le 06 janvier 2020

Listes des noms de personnalités qui ont signé le texte :

Makhily Gassama, Essayiste, Ancien Ministre Ancien Ambassadeur (Sénégal)

Boubacar Boris Diop, Écrivain (Sénégal)

Aminata Dramane Traoré, Écrivaine, ancienne Ministre de la Culture et Présidente du Groupe « États généraux du franc CFA et des Alternatives » (Mali)

Mariam Sankara, Économiste (Burkina Faso)

Odile Sankara, Artiste, Comédienne (Burkina Faso)

Odile Tobner, Universitaire, Essayiste (Cameroun)

Koulsy Lamko, Universitaire, Ecrivain, (Tchad / Mexique)

Mamadou Koulibaly, Economiste et homme politique (Côte d’Ivoire)

Mamadou Diop Decroix, Ancien Ministre d’Etat, Secrétaire du Parti Africain pour la Démocratie et le Socialisme (Sénégal)

Rosa Amelia​Plumelle-uribe, Essayiste, « militante pour la dignité humaine » (France)

Tony Obeng, Analyste des questions de développement, ancien Professeur à l’IDEP ? Diplomate à la retraite (Ghana) 

Stanislas Spero Adotevi, Universitaire, Essayiste, Ancien Directeur régional de l’UNICEF (Bénin / Burkina Faso

Nathalie Yamb, femme politique et consultante (Côte d’Ivoire)

Bouchentouf-Siagh Zohra, Universitaire, Essayiste (Algérie / Autriche)

Véronique Tadjo, Écrivaine, Universitaire (Côte d’Ivoire / Afrique du Sud)

Ibrahim Abdullah, Professeur d’Histoire (Sierra Leone)

Cheick Oumar Sissoko, Cinéaste et ancien Ministre (Mali)

Antonin Zigoli, Universitaire, Université Félix Houphouët Boigny (Côte d’Ivoire)

Ndongo Samba Sylla, Économiste et écrivain (Sénégal)

Issa N’diaye, Philosophe et ancien Ministre (Mali)

Elimane Haby Kane, Sociologue (Sénégal)

Ngaba Ngadoy, Économiste et Financier (Tchad)

Rahmane Idrissa, Politiste (Pays Bas, Niger)

Amadou Tidiane Wone, Ancien Ministre, Ancien Ambassadeur (Sénégal)

Adama Samaké, Universitaire, Université Félix Houphouët Boigny (Côte d’Ivoire)

Mamadou Diop, Ancien Haut fonctionnaire, Essayiste (Sénégal)

Dialo Diop, Médecin biologiste et homme politique (Sénégal)

Cheikh Hamala Diop, Économiste et interprète de conférence (Sénégal)

Sandjiman Mamder, Économiste, Haut fonctionnaire à la retraite, BIT/ONU (Tchad / Genève)

Raphaël Eklunatey, Biologiste (Togo / Genève)

Martin Bire, Spécialiste en Education (Tchad / Prague)

Mouhamed Ly, Anthropologue (Sénégal)

Crystal Simeoni, Économiste féministe (Kenya)

Cheikh Oumar Diagne, Économiste (Sénégal)

Amadou Elimane Kane, Écrivain et Poète (Sénégal) 

Coumba Touré, Coordinatrice Africans Rising (Sénégal)

Jibrin Ibrahim, Chercheur au Centre for Democracy and Development (Nigeria)

Elom 20ce, Artiste et Rappeur (Togo)

Redge Nkosi, Économiste (Afrique du Sud)

Ismail Rashid, Historien (Sierra Leone / USA)

Amy Niang, Universitaire (Afrique du Sud)

Mouhamadou Lamine Sagna, Anthropologue (Nigeria / Sénégal)

Many Camara, Sociologue (Mali) 

Versa Mshana, Avocate (Tanzanie)

Mahmoud Ibrahime, Historien (Comores)

Carlos Vamain, Jurisconsulte, Ancien Ministre (Guinée-Bissau)

George Klay Kieh, Jr., Universitaire (Libéria)

Momar Sokhna Diop, Professeur d’Économie et de gestion, Écrivain (Sénégal / France)

Cheikh Gueye, Géographe et Secrétaire permanent du Rapport Alternatif sur l’Afrique (Sénégal)

Lionel Zevounou, Maître de conférences en droit public (France)

Mouhamadou Ngouda Mboup, Enseignant-Chercheur en droit public (Sénégal)

Luc Damida, Chercheur ( Burkina Faso)

Source: financialafrik

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Le franc CFA, toute une histoire

Par: Par Sabine Cessou - RFI | 24 décembre, 2019

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Le franc CFA, toute une histoire

 

Le président ivoirien Alassane Ouattara a annoncé, ce 21 décembre, aux côtés d'Emmanuel Macron, la disparition prochaine du FCFA au profit de l'éco, en Afrique de l'Ouest. La devise créée en 1945 par la France dans les deux régions africaines de son empire colonial circule dans 14 pays d'Afrique de l'Ouest et centrale qui forment la "zone franc", en plus des Comores. Soit 173 millions d'habitants. Depuis les indépendances, elle a évolué en ne cessant de faire débat.

Le franc des Colonies françaises d'Afrique (CFA) est né par décret, en même temps que celui des Colonies françaises du Pacifique (CFP, Indochine), le 25 décembre 1945. Ce jour-là, le gouvernement provisoire de la France dirigé par le général de Gaulle ratifie les accords de Bretton Woods. Il fait sa première déclaration de parité franc-dollar au tout nouveau Fonds monétaire international (FMI). Il s'agit d'une mesure technique sans grand débat, comme le signale l'intitulé du décret, "fixant la valeur de certaines monnaies des territoires d'outre-mer libellées en francs".

La "zone franc" créée de facto par la France avec ses colonies, où elle émet localement des monnaies qui portent le nom de "franc", a déjà été officialisée en 1939, par le biais d'un autre décret instaurant le contrôle des changes en métropole et "Outre-Mer". Cette zone se trouve scindée en deux en 1945 : l'inflation a été moins forte dans les colonies durant la Seconde Guerre mondiale que dans la métropole. Du coup, lors de sa création, le franc CFA est plus fort que le franc français (FF), puisqu'il vaut 1,70 FF. Il repose sur quatre grands principes : parité fixe garantie par le Trésor public français, convertibilité et liberté des flux de capitaux dans la zone franc, en plus de la centralisation des réserves de devises des instituts d'émissions locaux, déposées auprès du Trésor public français. Lorsque le franc français est dévalué le 17 octobre 1948 par rapport au dollar, la valeur du CFA se renforce encore, de manière mécanique. Elle passe à 2 FF.

Les indépendances

Au moment des Indépendances, les choses se compliquent. En 1954, l'Indochine disparaît et avec elle le CFP. Le Vietnam, le Laos et le Cambodge vont créer leurs devises respectives, le dong, le kip et le riel. Le Maroc et la Tunisie, indépendants en 1955 et 1956, remplacent les francs "tunisien" et "marocain", l'un en restaurant le dirham en 1959, l'autre en frappant sa monnaie, le dinar, en 1958. L'Algérie, colonie française de peuplement où le franc français se trouve en circulation, instaure le dinar en 1964, deux ans après son indépendance.

En 1958, le "non" de la Guinée de Sékou Touré à l'Union française proposée par De Gaulle signifie une sortie de la zone franc, accomplie en 1960 avec la création d'un "franc guinéen". Cette devise coupe les ponts avec l'ex-métropole, contrairement à ce que laisse supposer son nom. Au Mali de Modibo Keïta, le Parlement refuse de signer en mai 1962 le traité portant création de l'Union monétaire ouest-africaine (UMOA), qui deviendra l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), en 1994. Le pays sort dans la foulée de la zone franc et fait fabriquer le "franc malien" en Tchécoslovaquie. Il rejoindra la zone franc bien plus tard, en 1984. Quant au président du Togo fraîchement indépendant, Sylvanus Olympio, il rejette aussi le traité UMOA et entend battre monnaie. Il est assassiné le 13 janvier 1963, dans des conditions restées mystérieuses, au moment où sont publiés les statuts d'une Banque centrale togolaise qui ne verra pas le jour.

De son côté, le CFA ne change pas d'acronyme, mais devient en 1958 le franc de la "Communauté française d'Afrique". Après les indépendances, en 1962, son "F" correspond plutôt à "la Communauté financière d'Afrique" dans l'UMOA (Côte d'Ivoire, Dahomey, Haute-Volta, Niger, Sénégal, Togo). Nuance : le même franc est celui de la "Coopération financière en Afrique centrale" pour les membres de l'Union monétaire de l'Afrique centrale (UMAC), Cameroun, Gabon, Congo-Brazzaville, République centrafricaine et Tchad. Si l'on parle de CFA partout, la devise est scindée en deux, chaque région ayant son code ISO international, XOF et XAF. Les deux CFA sont convertibles avec toutes les devises, ainsi qu'entre eux. Le franc comorien (KMF) fait partie de la famille, en tant que cousin éloigné de la zone franc.

Nouveau franc français et vent de fronde

Lorsque le nouveau franc français est mis en circulation le 1er janvier 1960 par le général De Gaulle, pour une valeur de 100 anciens francs, le CFA change encore mécaniquement de valeur, passant de 2 à 0,02 FF. Les critiques de la période des indépendances vont ressurgir. L'économiste égyptien Samir Amin préconise en 1969, dans un rapport qui porte son nom, le passage à des monnaies nationales, avec le CFA comme monnaie commune et non plus unique. Il reprend des recommandations déjà faites en 1960 par le Sénégalais Daniel Cabou, gouverneur de Saint-Louis, qui plaidait pour une "union africaine des paiements".

Un mouvement de fronde part de la fin de la convertibilité du dollar en or, décidée par Nixon en août 1971, mettant fin au régime de change fixe hérité de Bretton Woods. À partir de cette date, le dollar se met à fluctuer. "Les Africains se disent qu'avec la hausse des cours des matières premières, ils perdent au change en raison de la parité fixe et non flottante du CFA par rapport au FF, explique l'économiste togolais Kako Nubukpo, de manière factuelle, sur un sujet qu'il connaît bien, étant l'un des principaux détracteurs actuels du CFA. Ils aspirent à une monnaie plus forte qui leur permettrait d'importer plus."

Le président du Niger Hamani Diori, qui avait commandé le rapport Samir Amin, est soutenu par le Congo-Brazzaville, le Cameroun et le Togo. Il demande en janvier 1972 à Georges Pompidou, son homologue français, une réforme de la zone franc. La fronde incite la Mauritanie à quitter la zone pour créer l'ouguiya, et Madagascar à renouveler l'ariary en lieu et place du franc malgache (ou "franc malgache") en mai 1973.

La révision du système CFA est accordée en décembre 1973, mais pas dans les termes préconisés par Samir Amin, auteur de L'Afrique de l'Ouest bloquée, L'économie politique de la colonisation, 1880-1970 (Éditions de minuit, Paris, 1971). La principale mesure fait passer de 100% à 65% le niveau des réserves de devises placées auprès du Trésor français. La Banque ouest-africaine de développement (BOAD) est créée, avec son siège placé à Lomé, pour faire plaisir au général Eyadéma, qui est un osé tenir tête à Pompidou sur le CFA lors d'une visite officielle, en novembre 1972. Le " rapatriement "des sièges des banques centrales africaines de la zone franc, situés rue du Colisée, dans le VIIIe arrondissement de Paris, est décidé. L'africanisation des cadres commence alors, même si physiquement, ce n'est qu '

La dévaluation du 12 janvier 1994

La Guinée équatoriale, seul pays hispanophone d'Afrique, entre dans la zone d'influence de la France et adopté le CFA en 1985, onze ans avant la découverte de ses gisements de pétrole. Sur le continent, les années 1980 sont celles de l'ajustement structurel, une mise au pas des pays endettés selon la doxa libérale en cours au FMI et à la Banque mondiale, avec dérégulation de l'économie et ouverture au libre marché. Cet effort d'ajustement réel est fait au prix de nombreux sacrifices, au lieu d'une évaluation monétaire que rejettent les chefs d'État de la zone franc. Les salaires sont bloqués, les embauches gelées dans l'administration et des coupes claires font partout, notamment dans les dépenses sociales.

La chute des cours des matières premières et la dépréciation du dollar, à partir de 1985, font que les recettes à l'exportation diminuent, mettant à mal les budgets, et par ricochet le niveau de la dette extérieure. L'échec de l'ajustement structurel conduit la France à envisager une dévaluation monétaire, sous les auspices du FMI, qui suspend son fils aide aux pays de la zone franc à partir de 1991. Dès août 1993, la convertibilité du CFA est suspendue, en raison des rumeurs de dévaluation, sur fond de fuite des capitaux hors de la zone franc. Il devient impossible de changer des CFA contre toute devise hors de la zone franc, et impossible de convertir des XOF en XAF, même dans la zone franc - une mesure contre la spéculation qui n'a jamais été levée par la suite. En septembre 1993, la "doctrine d'Abidjan", ou "

Dévaluer ou pas? Edouard Balladur est pour, mais le président ivoirien Félix Houphouët-Boigny est farouchement contre. Le président français François Mitterrand écoute les deux avis, mais ne tranche pas. En décembre 1993, la mort d'Houphouët donne les mains libres aux partisans de la dévaluation. Sous couvert d'un sommet des chefs d'État de la zone franc au sujet d'Air Afrique à Dakar, une dévaluation de 50% du CFA et de 33% du franc comorien est imposée le 11 janvier 1994 à 14 chefs d'État africain, qui signent à contrecœur en présence de Michel Roussin, ministre français de la Coopération et de Michel Camdessus, directeur général du FMI. Du jour au lendemain, le CFA passe de 0,02 FF à 0,01 FF. Les populations des pays de la zone franc voient leur pouvoir d'achat divisé par deux. Des mesures d'accompagnement suivies,

Arrimage à l'euro en 1999 et polémiques

En 1997, c'est au tour de la Guinée-Bissau, ancienne colonie portugaise, entre dans la zone franc, ce qu'elle demande depuis la fin des années 1980 pour sortir de sa spirale inflationniste (45% en 1995). Au moment du traité de Maastricht, Paris a fait valoir le principe de «subsidiarité» pour continuer à gérer la zone franc, qu'elle ne peut plus réformer, en principe, sans consulter ses partenaires européens. Que signifie la subsidiarité? "La responsabilité d'une action publique, dès que nécessaire, revient à l'entité compétente la plus proche de ceux qui sont directement concernés par cette action", renseigne Wikipédia. Le principal argument de la France en faveur du CFA: la stabilité économique et l'assurance d'une bonne gestion,

Les débats, portés entre autres par des économistes africains tels que Kako Nubukpo et Mamadou Koulibaly, opposant ivoirien, ont gagné en intensité en 2015, dans un contexte de croissance non inclusif en Afrique et de crise en Europe (dette publique en Grèce, campagne du Brexit). Ces économistes estiment que le CFA est trop fort, par rapport à la faiblesse des économies où il circule, et qu'il pénalise les exportations. Reprise par les tenants d'un certain nationalisme africain comme Kemi Seba, qui a brûlé un billet de FCFA en septembre 2017, la polémique ne fait qu'enfler, alors qu'elle ne devrait, en toute logique, ne pas avoir de raison d 'être. Le sociologue sénégalais Lamine Sagna, spécialiste de l'argent, rappelle en effet que ces débats vont devenir caducs avec l'adoption de la monnaie commune ouest-africaine, l'éco, prévu par la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest pour 2020. Ce 21 décembre, le président Ouattara a donc annoncé, en présence du chef de l'État français Emmanuel Macron, que l'éco remplacera le FCFA prochainement en Afrique de l'Ouest. Les huit pays de l'actuelle zone franc dans cette partie du continent vont, par ailleurs, couper les liens techniques avec le Trésor et la Banque de France, ils gèrent eux-mêmes cette monnaie sans interférence de la France.

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